L’Ours, Annaud et son amour de la nature

Jean-Jacques Annaud est un réalisateur qui aime la Nature. Il aime la filmer, il aime la magnifier, il aime lui rendre sa véritable place, celle suprême de la vie elle-même. L’OURS vient à point nommé pour Annaud qui termine alors LE NOM DE LA ROSE et souhaite s’ouvrir au très grand public en sortant un film familial.

La note est simple et retentit comme une intention sûre et déterminée : « Un ourson orphelin, un grand ours solitaire, deux chasseurs dans la forêt. Le point de vue des animaux. ». On imagine sans mal la drôle de tête qu’a dû faire le producteur Claude Berri en recevant ces quelques mots d’un cinéaste qui brille au box-office. Pour le situer, LA GUERRE DU FEU a totalisé 4 950 005 entrées et LE NOM DE LA ROSE a attiré 4 955 664 spectateurs. Un poids lourd en somme à qui on ne refuse rien. C’est le scénariste Gérard Brach qui a guidé Annaud en l’orientant vers l’un de ses romans préférés qu’il avait découvert durant son enfance : LE GRIZZLY, écrit par James Oliver Curwood.

Un impact exceptionnel

Il faut se rendre compte de l’impact qu’a eu ce film sur le cinéma et la société en général. L’OURS reste un pari hors norme qui sera forcément difficile à mettre en boîte. Nous sommes à une époque bénie où on ne remplaçait pas les animaux par des des doublures numériques atroces. Jean-Jacques Annaud est un courageux et embarque son équipe pour une épopée de 109 jours en Italie, en Allemagne et en Autriche. Les conditions climatiques sont compliquées et les ours, durs à gérer. Raconter une histoire avec des animaux est une prouesse que le cinéaste réitérera des années plus tard avec DEUX FRERES puis LE DERNIER LOUP. Mais jamais il ne marquera les esprits comme en cette année 1988 où L’OURS va se transformer en véritable raz-de-marée populaire.

La puissance du bouche à oreille

Même dans ses rêves les plus fous, il semble peu probable que le metteur en scène ait imaginé un tel carton. Les premières séances à Paris sont satisfaisantes du côté des chiffres, mais Claude Berri comprend rapidement qu’il y a un potentiel très fort sur la durée. Les spectateurs semblent réellement touchés par le film, certains étant émus aux larmes par ce spectacle naturel fascinant. Le producteur

n’hésite pas et alimente le long-métrage en montant progressivement les copies tout en insistant sur ce fameux bouche à oreille porteur. Le résultat est sans appel, incroyable. L’OURS reste plusieurs dizaines de semaines dans le top 5 du box-office français et terminera sa saisissante carrière à 9 136 266 entrées. C’est évidemment le record absolu du cinéaste, mais aussi l’un des plus gros succès français de tous les temps. Mais son impact résonne bien au-delà de son exploitation en salles : les VHS s’écoulent comme des petits pains puis la télévision va lui réserver un triomphe hallucinant qui reste encore aujourd’hui la plus grande audience jamais enregistrée pour un film. Lors de sa première diffusion en février 1992, L’OURS va attirer 16,3 millions de téléspectateurs. Il bat alors LE GRAND BLEU de Luc Besson qui, quatre mois plus tôt, avait rassemblé 14,9 millions de téléspectateurs.

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