Matthew McConaughey, le parcours d’un combattant

Pure dégaine de Texan, physique longiligne, sec et costaud, regard fou qui exprime à peu près toutes les émotions à la fois, voix tonitruante, dégaine chaloupée et un peu cow-boy sur les bords. « Matthew » pour les intimes, est l’un de ces acteurs reconnaissables au premier coup d’oeil et l’un de ces types au charisme incommensurable, mais surtout au jeu divin qui ne peut faire qu’oublier ses partenaires. Retour sur une drôle de carrière.

Les débuts

Né en 1969 au Texas, il est considéré comme un grand espoir avec le film GENERATION

REBELLE, révélateur de talents comme Ben Affleck, qui va le propulser vers les plus grands réalisateurs à savoir Spielberg avec AMISTAD ou encore Robert Zemeckis avec CONTACT. Mais que se passe t-il alors pour que sa carrière dérive autant dans les années 2000 ? Jouant principalement des beaux gosses charmeurs, Matthew devient une caricature dans des films atroces : UN MARIAGE TROP PARFAIT, SAHARA ou encore l’atomique navet PLAYBOY A SAISIR. Il remporte la palme avec HANTE PAR SES EX (photo ci-dessus) qui sonne le glas de cet espoir devenu une simple machine à fric.

La renaissance

Mais à 42 ans, l’acteur réagit. Et se remet en question. A raison car il nous prouvera qu’il vaut mieux que ce qu’on vend de lui. Il entame alors sa résurrection avec l’aide de Brad Furman en 2011 dans le superbe LA DEFENSE LINCOLN. Drôle d’ironie que ce rôle d’avocat qui défend un riche play-boy accusé d’avoir tué son ex-femme. Comme un miroir déformant à son récent passé et l’adieu définitif à ces rôles nanardesques qui avaient enfouis tout son talent. Mais évidemment, comme à chaque fois, il ne fait rien à moitié. Pas même sa renaissance cinématographique.

Il enchaîne alors avec le surprenant MAGIC MIKE de Soderbergh qui joue sur son aspect sculptural et s’en amuse à l’image du personnage principal joué par Channing Tatum. Puis vient ce rôle de psychopathe dans le merveilleux KILLER JOE de William Friedkin où le texan montre tout l’étendu de son potentiel. Amaigri, les traits tirés, l’oeil fou, il est tout simplement hors normes, défiant les limites de la fusion entre un acteur et son personnage. Il poursuit avec PAPERBOY de Lee Daniels avec Zac Efron, film moins réussi mais où chacune de ses apparitions fait mouche. Puis vient une nouvelle consécration, celle de MUD du surdoué Jeff Nichols. Magistral en homme réfugié sur une île, il

démontre une fois de plus sa faculté à créer des icônes et de vrais personnages marquants. La chemise blanche, ses tatouages, son pas léger et arqués en font de lui une irréalité somptueuse.

La consécration

Puis on en vient au triptyque qui se révèle comme l’apogée de sa carrière. Le premier c’est le chef d’oeuvre de Martin Scorsese, LE LOUP DE WALL STREET. Ok, il ne fait qu’une brève apparition. Il joue en tout 15 minutes. Mais ce sont des minutes inoubliables, des sommets de bons mots sortis d’un illuminé de la finance qu’il incarne face à l’un des meilleurs acteurs de sa génération, Leonardo DiCaprio. Un duo énormissime avec des phrases cultes et surtout un hymne que l’on aura tous en tête à la sortie de projection. Une improvisation de Matthew semble t-il qui a eu cette idée sur le tournage, représentant d’anciens chants indiens.

Mais en terme d’incarnation totale il ne fera pas mieux que cet homme touché par le SIDA dans DALLAS BUYERS CLUB. Caractériel, homophobe, alcoolique, trafiquant, il parvient pourtant à rendre son personnage attachant. Son talent à l’état pur. Qui se prolonge dans un autre chef d’oeuvre, celui de Christopher Nolan, en 2014 , INTERSTELLAR. Franchement, qui n’a pas craqué devant cette scène où son personnage revoit ses enfants sur un écran alors que 25 années de leur vie sont passées ? Qui n’a pas eu le coeur serré quand il laisse sa fille pour partir dans l’espace ? Matthew atteint pour la première fois la grande émotion, celle où l’on s’émeut enfin devant son personnage. Il épure son jeu, le simplifie pour devenir le moteur émotionnel du film de Nolan qui en avait bien besoin, lui qui opère un cinéma plutôt froid. Une consécration. Et TRUE DETECTIVE.

La bombe TRUE DETECTIVE


Ah, TRUE DETECTIVE. Voir Woody Harrelson et Matthew McConaughey réunis pour une série, tout le monde s’y intéresse forcément. Et pour cause, quelle histoire ! Quelle complexité ! Mais au-delà de l’enquête qui s’avère tortueuse en tout point, il y a ces deux personnages qui se révèlent peu à peu à l’aide de flash-backs et de déformation de la vérité. Posant beaucoup de questions morales, la série pointe du doigt les travers de chacun, entre le personnage d’ Harrelson, incapable de garder son mariage, et celui de Matthew, totalement désincarné et froid. Une nouvelle fois, il impose son talent avec une force défiant toute concurrence. grâce à son regard noir et illuminé, sa clope au bec, les bières qu’il s’enfile par dizaines, ses frustrations, ses traumas, son obsession, il a crée un personnage indépassable, totalement terrassant de vérité et de contradictions jusque une dernière scène poignante.

Alors, si certains en doutent encore, oui Matthew McConaughey est l’un des meilleurs acteurs de sa génération. Il a réussi à se remettre en question, a joué de sa notoriété pour partir vers des sentiers moins porteurs et auteuristes tout en haussant son niveau de jeu qui s’avère presque infini. En 2019, sa prestation dans le film de Guy Ritchie, THE GENTLEMEN, l’a encore prouvé. ​

Laisser un commentaire