Sept ans au Tibet, l’odyssée de Brad Pitt et Jean-Jacques Annaud

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Plus de vingt-cinq ans après sa sortie, SEPT ANS AU TIBET reste l’un des grands films de Jean-Jacques Annaud où Brad Pitt trouve l’un de ses meilleurs rôles. Le revoir aujourd’hui, c’est laisser une certaine idée du cinéma s’exposer sur l’écran, projeter l’ombre d’un projet qui aura coûté plus de 70 millions de dollars sans être attaché à aucune sorte de franchise ou héros mondial. L’idée que certains films similaires ne peuvent plus se produire aujourd’hui. L’idée que SEPT ANS AU TIBET est une odyssée lancinante dans la psychologie humaine qui trouve son désarroi dans ses propres réflexions. 

Débats sur le film

Jean-Jacques Annaud est l’un des rares cinéastes français qui aura su s’exporter en mettant en scène des films à grand spectacle jamais dénués de fond. En 1997, il clôture donc la meilleure partie de sa carrière qui va commencer à lentement décliner malgré la force indéniable de STALINGRAD, le souffle de OR NOIR ou encore la beauté visuelle de son dernier opus, LE DERNIER LOUP (on jettera un voile pudique sur la catastrophe SA MAJESTE MINOR). Avant SEPT ANS AU TIBET, Annaud est l’un des piliers du cinéma français qui cartonne avec COUP DE TETE, LA GUERRE DU FEU, L’OURS ainsi qu’une collaboration magistrale avec Sean Connery pour son chef-d’oeuvre LE NOM DE LA ROSE. En désirant raconter l’élévation du dalaï-lama, le cinéaste prend des libertés et sert finalement plus le propos intrinsèque de son scénario que la véracité historique. Cette dernière se confronte d’ailleurs à la divergence des points de vues, certains s’offusquant du comportement manichéen des personnages (les chinois présentés comme arrogants face aux gentils tibétains), d’autres affirmant que les faits sont fortement simplifiés pour rendre grâce au peuple tibétain. 

Un récit édifiant

Quoi qu’il en soit, SEPT ANS AU TIBET trouve son origine dans le livre écrit par Heinrich Harrer lui-même (déjà fortement romancé). Brad Pitt l’incarne avec un accent un poil

appuyé, mais une prestance absolue. Après ENTRETIEN AVEC UN VAMPIRE, SEVEN, LEGENDES D’AUTOMNE et L’ARMEE DES DOUZE SINGES, l’acteur est en phase de starification confirmée par la suite avec ENNEMIS RAPPROCHES, FIGHT CLUB et RENCONTRE AVEC JOE BLACK. Il se montre à la hauteur de l’ambition démesurée d’Annaud qui optimise sa mise en scène, parfois au détriment de la cohérence psychologique de ses personnages (qui deviennent rapidement unilatéraux). Qu’importe, l’émotion qu’il parvient à insuffler (magnifiquement embellie par la musique de John Williams) gomme rapidement certains errements tout comme cette propension à diriger le spectateur vers une idéologie positive (un parti pris qui fut pointé du doigt, le cinéaste étant accusé de rendre une éloge au peuple tibétain).

Qu’importe les fantasmes que le film nourrit encore aujourd’hui, SEPT ANS AU TIBET reste une belle odyssée qui n’a pas subie les outrages du temps…

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