Rambo, le classement de la saga

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La figure légendaire de Sylvester Stallone en John Rambo restera gravée dans l’imaginaire cinéphile. Ce soldat revenant de la guerre du Vietnam, traumatisé par un conflit sanguinaire, n’a peut-être pas eu le droit à cinq grands films, mais aura su s’imposer par son monolithisme glaçant. Dans un regard éteint et désabusé, Stallone a crée une icône. Revenons sur une saga inégale, mais pétri de séquences ambitieuses. 

5 – RAMBO, LAST BLOOD (2019) d’Adrian Grunberg

Ce n’était pas forcément une mauvaise idée de changer le braquet de John Rambo et d’oublier un peu la jungle. Malheureusement, son retour à une vie civilisée est décevant. Au-delà du fait que le dernier plan du précédent volet était une

perfection (John rentrait au bercail après toutes ces années d’isolement), il y a des éléments qui ne fonctionnent pas dans cet épisode, comme la vision caricaturale du Mexique ou encore cette incapacité du cinéaste à réellement élever les enjeux. Tout nous mène vers un massacre final assez vain. Sylvester Stallone reste excellent et en impose en cow-boy moderne bousillé par une vie errante, tandis que la métaphore de LAST BLOOD est plus réussie : le film s’ouvre sur un sauvetage, mais se termine dans la mort. Un inéluctabilité touchante qui fait de cet ultime volet un chant du cygne imparfait, mais doté d’une sincérité évidente. 

4 – RAMBO 2, LA MISSION (1985) de George Pan Cosmatos

Rambo repart au Vietnam pour sauver ses frères d’armes restés prisonniers. Le scénario (écrit par Stallone et James Cameron, tout de même) met en avant un anti-communisme de l’administration Reagan. L’idée est bonne et ambitionne d’offrir une décharge psychologique aux spectateurs, à l’instar du premier volet. Malheureusement, la structure de l’ensemble met plus facilement en avant la brutalité de Rambo que sa cassure mentale. Malgré tout, le personnage de Co Bao (incarnée par Julia Nickson) offre un échappatoire, la possibilité d’une nouvelle vie pour John. Le fait qu’il perde cet espoir ravive en lui sa colère. C’est recevable, mais mal amené. RAMBO 2 est un film d’une autre époque, qui sonne assez faux aujourd’hui malgré quelques morceaux de bravoure impressionnants. Stallone ne semble pas très concerné tandis que les effets deviennent assez assommants au fil du visionnage. On retient un massacre sacrément bien filmé (où Rambo élimine ses adversaires un à un) et quelques effets pyrotechniques réussis. Mais on a perdu Rambo en route…

3 – RAMBO 3 (1988) de Peter McDonald

Dans le fond, ce troisième volet est le plus insupportable. Fini le Vietnam, Rambo

vient sauver l’Afghanistan de ses méchants oppresseurs russes. Caricatural, le film réalisé par Peter McDonald reste un spectaculaire défouloir qu’il est difficile de ne pas apprécier. Plus ludique et moins empâté que le deuxième opus, il enchaîne les séquences dantesques sans jamais s’arrêter : le bombardement d’un village, le massacre de Rambo pour sauver son ami Trautman (éternel Richard Crenna), la bataille finale monstrueuse avec sa centaine de figurants, ses tanks, ses explosions aux quatre coins de l’écran, ses corps-à-corps… Le revoir aujourd’hui nous rappelle à quel point les effets de plateaux resteront éternels…

2 – JOHN RAMBO (2008) de Sylvester Stallone

A sa sortie, on pouvait douter d’un quatrième volet tardif qui ne devait sa présence qu’au retour en grâce de Stallone. Pourtant, l’acteur-réalisateur parvient à faire renaître la légende avec un savoir-faire époustouflant. Véritable boucherie servant à rendre compte de la psychologie abîmée de l’ancien soldat, le film est un trip hallucinant de violence exacerbée, une intense catharsis de déshumanisation qui a atteint son paroxysme dans un final terrassant. A la limite du soutenable (on en a vu beaucoup des films où des soldats tuent des enfants de sang-froid ?), parcouru par des séquences d’une âpreté terrifiante (la traversée du champ de mines), JOHN RAMBO est aussi le baroud d’honneur d’un homme déjà mort à l’intérieur qui a repris le chemin de la vie grâce au regard d’une femme remplie d’espoir. Le dernier plan, magnifique, vient provisoirement conclure le destin tragique d’une âme qui est entrain de renaître.  

1 – RAMBO (1983) de Ted Kotcheff

Une oeuvre majeure dans un cinéma américain obsédé par la guerre du Vietnam. Alors que des films de grande qualité déboulent sur les écrans (APOCALYPSE NOW, VOYAGE AU BOUT DE L’ENFER, TAXI DRIVER) et que d’autres vont arriver (PLATOON, FULL METAL JACKET, NE UN 4 JUILLET), Ted Kotcheff met en scène un soldat revenu de la guerre qui se retrouve dans les rues d’une petite ville, errant comme un sans-abri à la recherche d’amis disparus. Stallone, au sommet de sa gloire, balade sa mine triste et désabusée dans une Amérique qui ne veut pas de ces soldats défaits dans l’enfer vietnamien. Malencontreusement pourchassé, John Rambo va se refaire une guerre dans une humide forêt qui le ramène dans la jungle vietnamienne. Traqué et déshumanisé, Rambo est renvoyé à l’état d’animal par ses bourreaux. Sans avoir l’air très intellectuel, RAMBO est pourtant un grand film noir sur ces hommes rejetés et oubliés qui ont combattu pour une guerre inutile. La tirade finale, grandiose, résume parfaitement ce film intimiste déchirant qui contraste de manière spectaculaire avec les deux volets suivants. 

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