Malignant, James Wan et la dichotomie

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Depuis INSIDIOUS en 2011, James Wan a changé de dimension. Le carton critique et public de CONJURING l’a ensuite propulsé dans les couloirs d’Hollywood et ses blockbusters démesurés. Après s’être déchaîné sur FAST AND FURIOUS 7 (qui reste, à mon sens, le plus fou et le plus réussi de la saga), il a mis en scène AQUAMAN avec un aspect décomplexé du plus bel effet. Alors qu’il partait pour un nouvel épisode du super-héros aquatique incarné par Jason Momoa (THE LOST KINGDOM sortira en décembre 2022), Wan a eu le temps de mettre en scène un projet qui lui tenait à coeur depuis longtemps : MALIGNANT.

Peu de monde aurait mis sur la table plus de 40 millions pour un tel projet. Cependant, la Warner Bros sait ce qu’elle doit au cinéaste : CONJURING a ouvert un univers partagé de sept films qui ont totalisé près de 2 milliards de dollars de recettes mondiales, tandis que AQUAMAN reste encore le plus gros succès d’une adaptation estampillée DC COMICS avec 1,147 milliard de dollars de recettes. Rien d’étonnant au fait de laisser carte blanche à Wan. MALIGNANT ne s’inscrit pas dans une ligne directrice évidente, même si on pourrait le ranger dans l’horreur de prime abord. On y suit une jeune femme, Madison Mitchell (Annabelle Wallis), perturbée par des visions de mort qui semblent réellement se réaliser. De ce postulat, le cinéaste emmène son récit dans une direction difficile où il mêle les états psychiatriques graves, les problématiques psychologiques et la dichotomie.

Une fois ce tableau dressé, Wan s’amuse avec les codes du giallo et du film d’horreur classique : un bruit, un cadre sombre, une apparition, une porte qui claque, la pénombre complète. Avec une facilité déconcertante, il réutilise toutes ces recettes avec une force qu’il n’a plus à prouver. Cependant, ces effets semblent désormais trop simples pour lui et il tend à rapidement se dégager de cet aspect pour se concentrer sur son récit.

ATTENTION, CEUX QUI N’ONT PAS VU LE FILM DOIVENT ARRÊTER LA LECTURE SOUS PEINE D’ETRE SPOILÉ !

La construction narrative est imposée par la révélation finale et celle-ci s’assemble facilement avec les thématiques exposées par le cinéaste. Ce frère qui vit à l’intérieur de Maddie est autant une

métaphore de la double personnalité qu’un pur produit fantastique. Cette dichotomie renaît au moment où le mari frappe violemment Maddie, cet instant même où tout bascule. Sa force intérieure, elle la tient de ce frère dit « diabolique » qui n’est autre qu’une facette différente de la Maddie qu’on nous présente. Si certaines explications données restent discutables (il est dommage que Wan persiste dans la dimension fantastique là où son histoire aurait gagné à s’orienter vers la psychologie pure), difficile de nier l’efficacité de l’ensemble.

Là où le metteur en scène impressionne littéralement, c’est lors des scènes d’action, aussi sanglantes que jouissives. Sa caméra virevoltante nous fait vivre chaque massacre avec un sens du spectacle évident. Celui qu’il a acquis lors de ses passages sur FAST AND FURIOUS 7 et AQUAMAN. MALIGNANT est un film imparfait et qui n’a peur de rien, guidé par l’instinct d’un cinéaste plongé dans un projet qui lui tient à coeur. Qu’importe s’il frôle parfois le mauvais goût, son envie de cinéma est fortement communicative. Non, les blockbusters ne l’ont pas éloigné de sa passion pour un genre dont il est décidément l’un des grands noms ces dernières années.

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AVIS GLOBAL : James Wan s’offre une parenthèse horrifique intéressante dans laquelle il ose tout. Même s’il frôle parfois le mauvais goût, MALIGNANT s’en sort grâce à une générosité évidente.

NOTE :

Note : 3 sur 5.

MALIGNANT

Le film est actuellement disponible en VOD sur Rakuten TV.

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