Michael Cimino, le cinéaste visionnaire

Peut-on faire plus américain de Michael Cimino ? Plus maudit aussi ? Réalisateur rare dont la courte filmographie n’a eu de cesse de questionner les origines et la violence de son pays et qui compte, parmi sa courte filmographie, quelques-uns des plus grands films contemporains américain.

Un réalisateur atypique

En débutant dans le documentaire et la publicité, Cimino mélange deux univers totalement différents, deux esthétiques qui serviront son cinéma. D’abord, il perce par le biais du scénario notamment MAGNUM FORCE (Ted Post, 1973) qui fut repéré par Clint Eastwood et qui lui confia, par la suite, la réalisation du

CANARDEUR (1974), le premier film de Cimino, considéré comme l’un des premiers « buddy movie » de l’Histoire, bien avant L’ARME FATALE. Mais c’est surtout quatre ans après qu’il va faire toute sa renommé. A 39 ans, il réalise son chef d’oeuvre et l’un des plus grands films de l’Histoire du 7ème art : VOYAGE AU BOUT DE L’ENFER. Plongée infernale en trois actes dans la guerre du Vietnam et ses traumatismes avec des séquences inoubliables (notamment celle de la torture à la roulette russe, largement décriée aussi) et un casting incroyable (Robert De Niro, Christopher Walken, John Cazale, Meryl Streep). Un succès autant critique que public qui fait de Cimino la nouvelle étoile d’Hollywood.

La lumière… puis l’ombre

Mais le succès ne dure qu’un temps. Oui, sauf que celui du cinéaste ne l’a été que pour un film. LA PORTE DU PARADIS, nouveau chef d’oeuvre, fut plutôt un enfer pratique et économique. L’Amérique n’a jamais été prête pour affronter son Histoire et celle-ci fait mal car elle questionne l’origine, les pionniers. Détruit bien avant sa sortie par une presse probablement horrifiée de la vision du cinéaste sur le pays, insistant sur les énormes dépassement de budgets du cinéaste, mais également ses conflits avec le producteur (le film fut tronqué, remonté), LA PORTE DU PARADIS est une oeuvre maudite, contrairement à son titre. Cet échec provoque, à plus grande échelle, la fin du Nouvel Hollywood et ouvre les portes à une nouvelle ère.

Alors Michael Cimino poursuivra, dans l’ombre, sa carrière. Et réalisera un troisième chef d’oeuvre d’affilée avec L’ANNEE DU DRAGON en 1985, film scénarisé par Oliver Stone qui se situe dans

les milieux de la mafia chinoise à New York. Malgré les accusations de racisme durant le tournage, Cimino renoue avec le succès. Mais qu’importe, il n’est plus le prodige annoncé, LA PORTE DU PARADIS restant dans toutes les têtes. Il poursuivra alors une carrière plus humble, tournant des films mineurs (LE SICILIEN, SUNCHASER).

Michael Cimino se sera énormément intéressé à son pays et sa violence, questionnant ses parts d’ombre et ses démons. Il aura également élargi son propos, des émigrés d’Europe de l’Est (VOYAGE AU BOUT DE LA NUIT, LA PORTE DU PARADIS) aux indiens Navajo de SUNCHASER en passant par les Chinois de L’ANNEE DU DRAGON. Mais il aura également subit un rejet total à cause de ses partis pris radicaux.

Un road-trip sous forme de documentaire

Tourné au cours de l’hiver 2020, MICHAEL CIMINO, UN MIRAGE AMERICAIN, repart sur les traces de Michael Cimino, à la recherche de son Ouest, cette Amérique réelle et fantasmée qui a traversé ses films, des espaces grandioses du Montana où il a tourné LA PORTE DU PARADIS à la communauté de Mingo Junction, Ohio, cette petite ville sidérurgique qui a servi de décor à VOYAGE AU BOUT DE L’ENFER. Voilà un documentaire aussi cinéphile qu’émouvant qui sortira dans les salles le 19 janvier.

La bande-annonce est à visionner ci-dessous.

Laisser un commentaire