Contre une poignée de diamants, Michael Caine chez Don Siegel

Publicités

Dans les années 70, Michael Caine a vu sa carrière décoller aux Etats-Unis, même s’il ne fut jamais considéré comme une grande star. Malgré tout, les cinéastes le sollicitent et il se retrouve à tourner pour Don Siegel qui vient de triompher dans les salles grâce à L’INSPECTEUR HARRY avec Clint Eastwood. CONTRE UNE POIGNEE DE DIAMANTS, lui, sera un gros échec un peu partout. Près de cinquante ans après sa sortie, le film s’insère dans un mouvement de l’espionnage plus classique et moins paranoïaque que ses acolytes des 70s.

Avec un joli souci du détail, la remasterisation en HD du film est réellement impressionnante. Un point à souligner tant le travail fourni est de qualité. Passée une première séquence rondement menée, le récit nous présente ensuite le major John Tarrant (Caine) dans une séquence qui s’exécute déjà à double-sens. Les faux-semblants nous sont présentés par deux points de vues différents, une idée révélatrice qui plonge directement le spectateur dans les enjeux du film. L’exposition est remarquable, que ce soit dans la caractérisation des personnages (la rigidité de Tarrant est exposée par le jeu précis de Caine) ou la mise en place de l’intrigue. Peut-être plus classique par la suite, CONTRE UNE POIGNEE DE DIAMANTS n’en reste pas moins un film de genre solide qui reste tout à fait divertissant. Outre Caine, le jeu des acteurs est savoureux, notamment celui de Donald Pleasance, excellent en homme puissant qui se soucie plus de ses diamants que de la vie d’un petit garçon. Il est un archétype d’homme politique, étoffé par le second degrés de Pleasance qui approfondit la psychologie du personnage.

Critiqué par sa froideur de son jeu par rapport à l’enjeu principal, Michael Caine est pourtant le véritable pilier du film. Cette rigidité est pourtant bien expliquée au détour de quelques subtils dialogues et c’est justement cette impassibilité que l’acteur joue avec brio. Grâce à cette posture, il parvient par la suite à laisser paraître une certaine émotion. On est effectivement loin de James Bond. Don Siegel reprochera d’ailleurs à Caine l’échec du film, critiquant le charisme inexistant de l’acteur. Le cinéaste fut tout de même peu objectif car la prestance du comédien est indéniable.

La fuite lors de la seconde partie est un peu plus laborieuse, mais contient quelques scènes d’action bien menées. Si le scénario s’étire et qu’il gère mal ses rebondissements, le dernier acte renverse la tendance. S’inscrivant totalement dans son époque, CONTRE UNE POIGNEE DE DIAMANTS mérite bien un rattrapage de la part des cinéphiles.

Laisser un commentaire