Bac Nord, une percutante plongée signée Cédric Jimenez

Avec un tel projet, Cédric Jimenez allait forcément devoir affronter la comparaison avec le film LES MISERABLES réalisé par Ladj Ly en 2019. Pourtant, BAC NORD est un long-métrage bien différent, accentuant davantage l’action et l’aspect thriller. LES MISERABLES se voulait au plus proche de la réalité, dans un instantané proche du documentaire. Deux films qui se complètent et qui s’assemblent pour former un tout très pertinent sur les problèmes de notre société.

Une tension constante

Jimenez se concentre sur une véritable affaire qui a eu lieu en 2012 à Marseille où dix-huit membres de la brigade anti-criminalité de la ville ont été déférés en correctionnelle pour trafic de drogue et racket. Le cinéaste se concentre sur la BAC nord, une brigade de terrain, qui, poussée par sa hiérarchie, doit sans cesse améliorer ses résultats. Dans un secteur à haut risque, où la loi n’est plus faite par ceux qui la dictent, les flics doivent adapter leurs méthodes et flirter avec l’illicite pour arriver à leurs fins. Un point de vue adopté par Greg (Gilles Lellouche), Yass (Karim Leklou) et Antoine (François Civil). La caméra ne les lâche pas et nous emmène sur le terrain pour rendre compte d’une situation qui est sur le point de s’embraser.

Action et psychologie

D’une tension hallucinante, BAC NORD marque les esprits par son ampleur psychologique, mas également visuelle. Difficile de respirer dans cet engrenage de violence qui doit forcément finir mal. L’assaut central du film est un bijou de nervosité, porté par une mise en scène en alerte et des acteurs qui donnent de leur personne pour en imposer à l’écran. Il faut d’ailleurs souligner les prestations magistrales du trio qui offrent une ambivalence redoutable à la psychologie de leurs personnages. Coincés entre un désir viriliste de domination sur l’autre et le besoin de faire régner la justice (et par conséquent la leur), ils ne sont jamais trop attachants ni trop détestables. Ce sont des hommes à bout de force, menés par des impératifs hiérarchiques ridicules. Ce sont d’ailleurs eux que le réalisateur pointe du doigt, n’hésitant pas à démontrer l’absurdité de certains ordres.

BAC NORD n’est jamais dans un discours moralisateur, mais se sert au contraire de son énergie pour nous scotcher au fauteuil. Cédric Jimenez est un homme qui aime le genre et l’action au plus près des corps. Il avait déjà démontré tout son talent dans LA FRENCH et l’injustement oublié HHhH. Il réitère une performance de haut vol ici, tirant constamment le maximum de ses comédiens pour conférer au récit une intensité de tous les instants. Malgré une fin plus faible et compendieuse, BAC NORD est un film fort qui n’a pas manquer d’alimenter certaines discussions. Mais c’est aussi, et surtout, un pur moment de cinéma.

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