Une date, une histoire : le scandale d’un dernier tango à Paris

Voici une nouvelle rubrique au texte court, qui reviendra régulièrement sur une date clé du cinéma, se référant à un événement en particulier, une sortie de film, une polémique ou tout autre fait qui a eu lieu dans l’Histoire.

Nous sommes en 1972 lors de la production du film.

L’événement de cette fin d’automne est la sortie du DERNIER TANGO A PARIS. L’oeuvre est très attendue. Bernardo Bertolucci, depuis LE CONFORMISTE en 1970, s’est imposé comme l’un des auteurs les plus intéressants du cinéma européen. Pourtant, d’autres mobiles font courir le Tout-Paris, public et critiques confondus, à la découverte du film. Il réunit le comédien fétiche des QUATRE CENT COUPS, Jean-Pierre Léaud, la (presque) débutante Maria Schneider et le mythe absolu Marlon Brando. Au final, le film fera plus de 5 millions d’entrées. Un phénomène.

Brando incarne le symbole d’une virilité triomphante et provocatrice. Pour ces spectateurs impatients, LE DERNIER TANGO A PARIS dépasse leurs espoirs. Bertolucci met en scène une passion sexuelle irrésistible entre un Américain cynique et une jeune fille sage. Le cinéaste signe une oeuvre qui séduit, mais dérange aussi par son réalisme, certains montant au créneau pour mettre en avant la provocation vaine d’un film qui se vautre dans « l’érotisme le plus abject« . Dans le viseur, cette odieuse scène de viol qui, aujourd’hui, est scandaleuse par son histoire. Dans une interview, le réalisateur italien a avoué : « La séquence du beurre est une idée que j’ai eue avec Marlon Brando la veille du tournage. Je voulais que Maria réagisse, qu’elle soit humiliée. Je pense qu’elle nous a haïs tous les deux parce que nous ne lui avons rien dit« . Et il y a de quoi. À la mort de l’actrice en 2011, le cinéaste exprimait ses regrets de ne jamais lui avoir demandé pardon pour son acte.

Marquée à vie par cette scène, Schneider avait accusé Brando d’être le principal responsable. « Cette scène n’était pas dans le scénario original. La vérité c’est que c’est Marlon qui a eu l’idée. Ils me l’ont dit juste avant qu’on filme cette scène et j’étais révoltée. J’aurais dû appeler mon agent ou faire venir mon avocat sur le tournage car on ne peut pas forcer quelqu’un a faire quelque chose qui n’est pas dans le scénario, mais à l’époque, je ne savais pas. Marlon m’a dit: ‘Maria, ne t’en fait pas, c’est juste un film’. Mais pendant la scène, même si je savais que ce que Marlon faisait n’était pas pour de vrai, mes larmes étaient vraies. Je me suis sentie humiliée et pour être honnête, j’ai eu un peu l’impression d’être violée, par Marlon et Bertolucci. A la fin de la scène, Marlon n’est pas venu me consoler ou s’excuser. Heureusement, une prise a suffi« . Cette histoire est remontée en 2016 par le magazine ELLE et laisse éclater la colère de nombreuses personnalités, un an avant le séisme autour d’Harvey Weinstein. Depuis, LE DERNIER TANGO À PARIS n’est plus vraiment une oeuvre adorée des cinéphiles…

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