La La Land, l’ode aux rêves et à l’amour de Damien Chazelle

Des embouteillages à n’en plus finir, des automobilistes qui écoutent la musique pour tuer le temps sous une chaleur prégnante. Puis, soudain, le réveil, la cassure de la banalité, de la morosité, de la réalité. Une femme entonne un air, se met à danser et d’autres suivent. Ainsi commence LA LA LAND et son incroyable plan-séquence aux mouvements de caméra sidérants. Cinq minutes qui englobent les deux prochaines heures, véritable tourbillon d’émotions et de sensations. 

Un tourbillon d’images

Déjà avec WHIPLASH, Damien Chazelle nous avait entraînés dans une tranche de vie âpre, symbolisée par un jeune homme qui vivait des relations conflictuelles avec un tyrannique professeur dans son école de musique. Le rêve d’embrasser une carrière d’artiste face à la dureté de la réalité. Transition toute trouvée pour glisser vers LA LA LAND qui fait de ce postulat son thème principal. Les deux films trouvent une synergie commune, liés par la musique (et le jazz). A ceci prés que le ton est totalement différent. LA LA LAND est une ode à la vie et la liberté, ce que signifie, en creux, le genre de la comédie musicale. Dans celui-ci, danser est un geste profondément rebelle qui rend le personnage intouchable, libéré des contraintes réelles. Pour nous les faire vivre, Chazelle tamise la lumière, resserre le cadre et libère toute une palette de couleurs pour émerveiller le spectateur. Mais pas seulement. Il y a toujours une véritable intention, une grande idée à l’intérieur du cadre, une chorégraphie précise. Soudés par une véritable cohérence, ces passages chantés sont absolument époustouflants. Ils servent un récit en or, simple, limpide, bon à remplir l’imaginaire. 

Emma Stone et Ryan Gosling, un couple de cinéma touchant

Lorsque l’on suit notre futur couple, c’est d’abord à travers leurs chemins respectifs. Emma Stone incarne Mia, une jeune femme se rêvant actrice, passant des auditions à n’en plus finir mais qui finissent toujours de la même manière, soit par un refus, soit par une humiliation. Ryan Gosling incarne Sebastian, un puriste du jazz, un jeune homme se rêvant musicien à l’ancienne, loin d’une musique moderne qu’il considère comme artificielle, ce qu’il le pousse à refuser certaines offres. Quitte à passer à côté de sa vie

d’artiste. Deux êtres parfois opposés, non sans défauts, mais tellement touchants dans leurs paradoxes. Ils nous parlent, nous disent de nous accrocher à nos rêves, de ne jamais laisser tomber, le tout magnifiquement écrit et dirigé. On peut y voir tout ce que l’on a envie de voir, être juste ravi de voir les studios hollywoodiens, emballé par l’enrichissement artistique mutuel des amoureux (on y parle de cinéma, de jazz, de LA FUREUR DE VIVRE, de Charlie Parker), ébahi par la vertigineuse mise en scène de Damien Chazelle, admirateur des hommages cinéphiles de ce dernier. Ressemblant à un cinéma total, LA LA LAND est une expérience admirable. 

L’ensemble est tétanisant, tremblant de fièvre et d’envie. L’aspect intemporel jouera probablement pour lui, sans compter sur une bande-son extraordinaire. Le duo d’acteurs symbolise le coeur du film tout en explorant des facettes de leur jeu encore insoupçonnées. Leur entente transpire en dehors de l’écran et nous contamine. LA LA LAND fut un carton, critique et public, mais il est, surtout, devenu le film qu’on se relance souvent pour lutter contre la morosité ambiante. Le meilleur film de Damien Chazelle ? 

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