Jurassic Park, Steven Spielberg au sommet de son art

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En 1993, après avoir essuyé les mauvaises critiques sur HOOK (l’un de ses films les moins appréciés avec 1941), Steven Spielberg recherche une histoire mélangeant habilement science et fiction et de manière assez crédible pour que cela tienne la route. Ce sera l’oeuvre de Michael Crichton, JURASSIC PARK. Le défi principal est de taille: la représentation des dinosaures se confondant avec un environnement contemporain. Fort d’un budget conséquent pour l’époque ( 60 millions de dollars), le film pourra compter sur la toute nouvelle technologie des images de synthèses générées par ordinateur, déjà utilisé pour la première fois par Cameron sur TERMINATOR 2. Mais ici, le but est de rendre impressionnant des créatures gigantesques !

Le sens du divertissement

Après qu’UNIVERSAL ai acheté les droits du livre (film qui sera beaucoup plus édulcoré par rapport au sanglant bouquin), Crichton et Koepp écrivirent le scénario d’une simplicité désarmante et pourtant riche en thèmes forts comme le rapport de l’Homme à la nature, par exemple. Et là est la grande force de Spielberg : montrer en apparence une intrigue très accessible pour faire passer un message implicitement. Ses oeuvres sont toutes très personnelles et universelles, faites avec un brio, jusqu’au aujourd’hui, inégalable. Sa filmographie est un morceau de bravoure à elle toute seule et compte une dizaine de films cultes et de chefs d’oeuvres ( LES DENTS DE LA MER, RENCONTRES DU TROISIEME TYPE, E.T pour ne citer qu’eux). Il montre ici un savoir faire hors normes pour mettre en scène ses dinosaures et ses séquences de suspense. Même en le revoyant en 2021, JURASSIC PARK reste impressionnant.

Il y a d’abord ce premier regard, cette chasse ouverte dès les premiers plans entre le vélociraptor et le garde du parc. Tout est résumé ici : la nature ne peut pas être prisonnière de l’homme. Elle se relève et le punit. Et le cinéaste n’aura de cesse de le démontrer, de mettre en garde le spectateur et ses personnages. Il parle, de manière parfois un poil appuyé et stéréotypé, de la cupidité de l’Homme de manière affligeante. Parce qu’il y a cet assureur, bête et vaniteux qui ne recherche que le profit et celui, plus complexe, de John Hammond plus attachant, moins cupide mais obsédé par son parc. Sa célèbre réplique, dite une dizaine de fois, « j’ai dépensé sans compter » renvoie à une idée de protection et de carapace voulant dire que Hammond se rassure en se disant que l’argent qu’il a investi va forcément lui rendre bien en retour. Il est malheureusement loin de se douter que le mal viendra de l’intérieur, d’un de ses employés Nedry, à la recherche lui aussi du profit en volant des embryons pour une société concurrente( et qui sera également puni dans cette géniale scène du dilophosaure). Spielberg a toujours eu cette faculté à dessiner des personnages forts et reconnaissables. Il y aura aussi les « bons », Alex, Grant et Malcom. Ce dernier étant la caution second degrés du film. Loin de la bouffonnerie actuelle qui anime nombre de longs-métrages qui ne croient pas en leur histoire, Malcolm est d’une intelligence redoutable et d’une utilité indéniable. Il permet de nous immerger dans cette histoire incroyable avec son incompréhension et son détachement.

Un spectacle inoubliable

Le décor planté, place au spectacle. En un siècle de cinéma, il y a eu des scènes cultes, des moments époustouflants, impressionnants, incroyables. Il y en a une dans JURASSIC PARK, celle pour qui on pourrait regarder le film un million de fois sans se lasser : la première attaque du Tyrannosaure, l’un des plus beaux monstres de l’Histoire mis en image. L’analyse n’est pas dure : c’est une perfection du début à la fin. Sept minutes d’une intensité à couper le souffle, au montage extraordinairement lisible et habile (les

incroyables animatroniques du dinosaure montrant sa patte, sa tête, ses yeux), à cette lumière bleutée, effrayante, à ce décor où tout espoir semble perdu, à ces pas que l’on entend par le biais du gobelet d’eau, à cette vision de la brebis découpée sur le toit de la voiture, à ce cri du dinosaure qui donne la chair de poule. Sombre et merveilleuse à la fois, tout le génie de Spielberg est là, dans ces sept minutes. Dans celles-ci et dans d’autres, comme celle de la cuisine. JURASSIC PARK est le sommet de l’entertainment comme on n’en fait malheureusement plus aujourd’hui. L’histoire était plus importante que les effets visuels qui, eux, servent celle-ci et pas l’inverse. A voir le récent GODZILLA qui essaie de marcher sur les pas de son aîné sans y parvenir. Car ses personnages ne sont pas attachants et que tout est trop gros. La sobriété a toujours été le maître-mot de la carrière de Spielby. Ce qui a permit à celle-ci d’être aussi riche !

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