Ready Player One, le blockbuster ultime de Spielberg

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En 2018, deux mois après PENTAGON PAPERS, Steven Spielberg revient à la charge pour secouer méchamment le cinéma mainstream. Il ne vous faudra que quelques minutes pour comprendre que le monsieur de 71 ans vient de rappeler tout le monde à l’ordre. 

Quelques minutes ? Quelques secondes plutôt. Le temps de ces mouvements de caméra d’une fluidité extrême où le jeune Wade Watts descend ce qui est appelé « Les piles », une sorte de ghetto où la misère prédomine. Une scène presque anodine que le cinéaste filme comme un moment de bravoure. Un éclatement de la mise en scène qu’il répétera à chaque instant donnant à READY PLAYER ONE une extraordinaire limpidité. Pourtant, le cerveau du spectateur va travailler puisqu’il devra enregistrer une quantité d’informations assez importante à un rythme soutenu (ceux qui n’ont pas lu le livre doivent rester bien attentifs !). Mais Spielberg gère si bien son tempo qu’on ne se sent jamais perdus (tout en évitant un certain ésotérisme qui aurait gravement nuit à l’ensemble). 

Le réel et l’irréel. Le monde et l’OASIS. La force visuelle de l’ensemble nous plonge littéralement dans cet univers de tous les possibles où la population oublie sa condition vitale pour devenir celle dont elle a envie. A l’instar de son personnage principal, le spectateur est scotché par cette remarquable réalité virtuelle qui devient une partie de nous. A tel point que le retour à la réalité est parfois brutale. Hallucinant dans son design global, l’OASIS est une merveille absolue, peut-être ce qu’on a vu de plus beau depuis AVATAR. La magie opère aux quatre coins de l’écran et on n’a pas le temps d’admirer la vue qu’une leçon de cinéma nous est servie sur

un plateau : une course blindée de références à la pop culture, sans musique, foutraque en apparence mais totalement folle (et on pèse les mots) dans sa forme ! Jouissive, complètement barrée, indéniablement épique, cette séquence est proprement stupéfiante. 

READY PLAYER ONE reste aujourd’hui l’un des blockbusters les plus innovants de ces dernières années autant qu’un probable chant du cygne de son auteur côté SF. En effet, Spielberg pourrait bien arrêter ses réalisations mainstream pour se concentrer sur les projets moins gros et qui lui tiennent vraiment à coeur. WEST SIDE STORY, remake du film culte de 1961, fait partie de ceux-là, une nouvelle version qu’il désire porter à l’écran depuis de nombreuses années. En renonçant à INDIANA JONES 5, Spielby prouve que le blockbuster, ce terme si courant dont il a été le grand initiateur en 1975 avec LES DENTS DE LA MER et auquel il a donné ses lettres de noblesse, n’est plus sa priorité. Il pourrait bien, à l’instar de Clint Eastwood, puiser dans le classicisme pour mettre en évidence des sujets dont il pourrait tirer de grandes oeuvres émotionnelles. 

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