Oss 117 change d’horizon dans Alerte Rouge en Afrique Noire

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Le personnage crée par Jean Bruce sur papier a connu quelques déclinaisons cinématographiques dans les années 60. Quand Jean-François Halin et Michel Hazanavicius décident de relancer l’espion français, ils le font dans un esprit parodique et terriblement « français » pour nous offrir deux comédies remarquables de rythme. Tout y était : l’interprétation fabuleuse de Jean Dujardin, des personnages secondaires déments, des dialogues parfaitement écrits et une forme de provocation qui faisait constamment mouche.

Douze années sont passées depuis le second volet et Hubert Bonisseur de la Bath n’est plus vraiment le même. Il a vieilli et l’époque (les années 80) n’est plus celle qu’il a connue. Tout est moins « simple », les rapports se durcissent et il est devenu tout simplement plus âgé. Notre bon vieux Oss serait-il has been ? C’est un peu (beaucoup) ce que sous-entend le nouveau scénario de Halin qui est cette fois réalisé par Nicolas Bedos.

Tout a plus ou moins changé en une décennie. Et peut-être que notre époque n’est plus aussi encline aux dérives masochistes et racistes de l’agent. ALERTE ROUGE EN AFRIQUE NOIRE est un film qui se cherche, une suite qui désire reprendre les extravagances des deux premiers, mais qui désamorce constamment ses situations par la dérision envers Oss. Un parti pris osé et surprenant, qui ne fonctionne pourtant que rarement. Pierre Niney est un excellent acteur qui ne parvient pas à exister ici, la faute à un personnage lisse qui empêche le récit de véritablement décoller. Les séquences entre lui et Dujardin font rarement mouche alors qu’on les attendait avec impatience.

En voulant confronter le nouveau monde et l’ancien, Bedos est bien moins percutant. Artistiquement, rien à redire, la reconstitution est au top, il compose avec ce qui a été fait auparavant tout en apportant sa propre touche. Mais quelque chose cloche dans ce troisième volet. Le plaisir est moindre, les dialogues eux-mêmes paraissent moins pointus. On sourit parfois, mais on ne ressent plus cette machine inarretable que pouvait être Oss. Ces instants où, dans un élan de folie pure, il pouvait débiter les pires âneries sur des sujets qu’il ne maitrisait pas. Peut-être est-ce dû aussi à ceux qui lui renvoient les répliques ? Il faut dire que les seconds couteaux étaient absolument redoutables dans les deux premiers films. Je n’ai pas retrouvé cette verve dans le casting, ce sens de la réplique et du rythme. Jean Dujardin n’a pas d’égal et l’humour s’en trouve donc bien diminué. Pourtant l’acteur est toujours aussi irréprochable. Il a tout saisi de son personnage et nuance davantage son interprétation pour affirmer que les 80s commencent à effacer la France qu’il a tant chéri.

ALERTE ROUGE EN AFRIQUE NOIRE n’est cependant pas un mauvais film, mais juste moins bon qu’on pouvait le penser. L’Afrique était un territoire parfait pour l’agent qui nous sort toujours quelques inepties savoureuses (comme cette terrible tirade à un gamin). Toutefois, Bedos n’exploite pas le maximum de cette situation géographique et reste à la surface, là où on était en droit d’attendre qu’il creuse.

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AVIS GLOBAL : Un troisième film inférieur à ses prédécesseurs, subissant ses partis-pris plus qu’il ne les maîtrise. Le duo d’agents ne fonctionne pas aussi bien qu’on l’attendait tandis que l’humour est également moins percutant. Reste une belle direction artistique et un Jean Dujardin toujours impérial.

NOTE :

Note : 2.5 sur 5.

OSS 117, ALERTE ROUGE EN AFRIQUE NOIRE 1h56

Un film réalisé par Nicolas Bedos.

Actuellement disponible sur Rakuten Tv.

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