La 3D, l’histoire d’un phénomène éphémère

On se souvient tous de cet emballement disproportionné pour la 3D au moment de la sortie du gargantuesque AVATAR réalisé par James Cameron. Nous sommes le 16 décembre 2009, et nous allons voir la richesse d’une technologie vendue comme hors normes (même si elle fut déjà utilisée au cinéma dans le passé), capable de repousser les frontières entre 7ème art et réalité. Tout le monde s’y met, des constructeurs de télévision aux superviseurs des consoles de jeux (la fameuse 3DS).

Une technologie difficile à cerner

Douze ans plus tard, le constat est sans appel. La 3D est un cuisant échec. Non seulement les studios ont abandonné les conversions de leurs blockbusters, mais la technologie même a presque totalement disparu du paysage audiovisuel. Les télévisions ne sont plus produites et l’avenir de la 3D est presque déjà morte. Il faut bien dire qu’elle a eu très peu de partisans et qu’elle ne donnait une plus value au film qu’à trop rares occasions.

À peine AVATAR sorti (et son carton à hauteur de 2,7 milliards de dollars de recettes mondiales !), les studios se sont dit que la

manne financière à en tirer était hors normes. Avec l’augmentation du prix du ticket (dû au supplément mis en place dans les cinémas), les recettes vont être facilement gonflés. Sans compter que le business autour des lunettes 3D va considérablement exploser. Toute l’industrie est en émoi et démarre illico les conversions rapides des futurs blockbusters. Ainsi, ALICE AU PAYS DES MERVEILLES de Tim Burton en mars 2010 est converti en toute hâte tout comme LE CHOC DES TITANS de Louis Letterier. Ce dernier deviendra presque la première pierre d’un édifice qui n’aura de cesse de se fissurer : images atroces, effets 3D inexistants, flou constant, le film contient déjà tous les problèmes inhérents à ce format. La 3D n’est pas qu’un gadget qu’il suffit de superposer à une mise en scène déjà existante. Il faut que le film soit « pensé » pour la technologie, que celle-ci soit un outil supplémentaire pour le réalisateur afin qu’il raconte au mieux son histoire. Ici réside l’une des grandes problématiques de ce format.

À la recherche du spectaculaire… et des bénéfices

Nous sommes désormais en 2011 et les studios se frottent les mains. Grâce à la 3D, les blockbusters atteignent des sommets inimaginables. TRANSFORMERS 3 et HARRY POTTER 7 dépassent aisément le milliard (celui-là même qui était réservé à quelques exceptions). Un concept facile à assimiler : les maisons de productions exigent que les films soient diffusés principalement voire totalement en 3D. Le choix s’avère donc restreint pour le

spectateur qui est bien obligé d’enfiler les lunettes pour visionner le film en question. Seulement, en un an et demi, la 3D rebute déjà. L’image est souvent trop sombre, les effets sont rares et rester plus de deux heures avec des lunettes n’est pas très confortable. Les spectateurs attendent des effets jaillissants et du spectaculaire. Seulement, là n’est pas le but de la technologie. Comme dit plus haut, la 3D doit servir l’histoire alors que le public désire l’inverse. Après tout, il paie un supplément et en veut donc pour son argent.

Reste qu’en douze ans, peu de films sont parvenus à l’utiliser correctement. GRAVITY est bien sûr la plus belle des exceptions, tant Alfonso Cuaron a fait preuve d’une maîtrise absolument ahurissante du médium. Et hormis celui-ci, quel film reste en mémoire ? Aucun, pour la simple et bonne raison que la 3D a rarement été utilisée d’un point de vue artistique. Aujourd’hui, le cinéma est confronté à une crise sanitaire sans précédent et doit forcément se remettre en question pour de nouveau attirer les spectateurs en masse dans les salles. Les mêmes qui se sont habitués à visionner les films confortablement installés chez eux…

La 3D ne représente, plus la technologie de demain. Si James Cameron semble encore y croire, il doit bien être le seul. Malmenée, elle demeure déjà presque oubliée, victime d’un désamour profond de la part du public (qui doit, de surcroit, payer un supplément !). Avant la crise, la promotion autour d’elle avait déjà pratiquement disparue de l’ensemble des blockbusters, ces derniers misant davantage sur le spectacle proposé par les salles Imax.

Laisser un commentaire