8 rue de l’humanité, Dany Boon dans un état critique

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Faire un film sur le confinement de 2020 dans un geste instantané, émotionnel et compulsif. Voilà ce que Dany Boon a voulu réaliser avec 8 RUE DE L’HUMANITE, une comédie sur un événement qui a d’ores et déjà marqué notre Histoire.

On a donc le droit à une comédie chorale avec plusieurs habitants dans un immeuble de Paris. Boon incarne Martin Becquart, en couple avec Claire (Laurence Arné). Lui est hypocondriaque sévère, l’autre en a plus que marre du comportement de son mari (et nous avec). Il y a Samuel (Tom Leeb) et Agathe (Alison Wheeler), un couple de jeunes adultes qui attendent un enfant. Le premier est un athlète qui ne voit que sa pomme et fait des lives sur Instagram, l’autre écrit et compose des musiques sur le virus. Ensuite, il y a Tony Boghossian (François Damiens), le cynique, le businessman, celui qui dénigre. Il vit avec ses deux enfants, Basile (Milo Machado Graner) et Victoire (Eve Margnat). Enfin, il y a Louise (Liliane Rovère) qui tient le bar du coin dont la fermeture est actée, et puis, le meilleur pour la fin, l’inénarrable « scientifique » Jean-Paul Gabriel (Yvan Attal) qui fait à peu près tout et n’importe quoi durant deux heures.

Voilà, deux heures. Deux heures de gags éculés, de stéréotypes, de personnages tellement agaçants qu’on a bien du mal de s’attacher à l’un d’eux. François Damiens fait le job et s’assure les scènes les plus réussies du film (et il y en a peu). Laurence Arné se démène aussi avec un personnage complètement raté en terme d’écriture. Mais honnêtement, Dany Boon et Yvan Attal sont absolument insupportables de cabotinage. Le premier s’écrit donc un personnage hypocondriaque qui se révèle surtout être un homme antipathique et complètement égoïste qui n’hésite pas à mettre sa femme dehors ! Le second signe probablement l’une des pires prestations d’un comédien ces dernières années. En roue libre totale, Attal joue l’hystérique avec un sens inexistant de l’équilibre comique, de la rupture de ton et de rythme. Un véritable naufrage.

Et dans le fond, où veut aller 8 RUE DE L’HUMANITE ? Tout est dans le titre, pardi ! L’humanité. Voilà ce que recherche Dany Boon sous sa tartine de vignettes comiques qui tombent régulièrement à plat. L’idée, c’est que tout le monde va se réunir pour fêter la solidarité, l’amour, l’amitié. Sauf que cette idée ne fonctionne pas non plus. Un barbecue et on oublie tout ? C’est apparemment la

résolution que nous offre le scénario. Dégoulinant de bons sentiments, le film n’offre rien et se subit pendant deux heures. Pire, il nous fait le coup de l’émotion assénée avec force dans un dénouement assommant.

Le problème réside-t-il aussi dans le timing de sortie ? Faire un film sur le Coronavirus, ce n’est pas avoir assez de recul par rapport à ce qu’on met en scène. Boon est dans la réaction, mais ne s’interroge jamais vraiment. Il n’en a d’ailleurs pas l’intention et souhaite juste faire rire les spectateurs sur les dérives de certaines personnes durant cette période de flou. Oui, le timing joue peut-être, mais le vrai problème c’est l’écriture qui part dans tous les sens. L’ensemble sonne creux, sans relief. Aucun doute que certains aficionados de l’acteur y trouveront leur compte, mais c’est difficile de se satisfaire d’une comédie aussi paresseuse.

AVIS GLOBAL : Dany Boon se rate avec cette comédie niaise et rarement drôle, tout juste sauvée du naufrage par l’abattage de François Damiens et Laurence Arné.

Note : 1 sur 5.

8 RUE DE L’HUMANITE 2h05

Actuellement disponible sur Netflix.

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