Skyfall, la déconstruction du mythe Bond par Sam Mendes

Quatre ans après QUANTUM OF SOLACE, SKYFALL poursuit dans la veine de CASINO ROYALE et s’approche d’une certaine quintessence. Thématiquement, c’est certainement le film le plus dense et le plus puissant de la saga.

Jamais l’agent 007 n’avait paru aussi humain que durant ces deux heures trente de métrage. Le réalisateur Sam Mendes opère une déconstruction du mythe avec un brio indéniable. Trois ans après le confidentiel AWAY WE GO, le cinéaste débarque sur une production à 200 millions de dollars avec l’une des licences les plus reconnues du 7ème art. Un sacré pari qui s’avère finalement gagnant. Reprenant la gravité d’un Christopher Nolan sur THE DARK KNIGHT, il parvient à offrir un tout nouveau visage à cet univers qu’on pensait connaître par coeur. Plus sombre (le gris est omniprésent, la pluie tombe régulièrement), plus torturé (le visage de Daniel Craig est marqué et fatigué), plus dramatique (cet incroyable final), SKYFALL est un véritable sommet qui a dû bousculer le fan invétéré de Bond. On est loin du manichéisme habituel, les bons et les mauvais étant étroitement liés. Le symbole de cette faible dichotomie ? Le redoutable Raoul Silva, l’adversaire de 007 interprété par Javier Bardem.

Le rythme se veut moins soutenu, les séquences d’action moins régulières. Mendes apporte beaucoup de psychologie et les enjeux se règlent aussi par les liens qui se font et se défont. Judi Dench, très présente, est absolument fantastique pour son ultime

apparition en M. Ses échanges avec Daniel Craig sont toujours aussi savoureux tandis que le dénouement expose au grand jour la nature même de leur relation. Cette attache qu’elle a envers cet homme, c’est finalement celle qui la rend humaine derrière son implacable froideur.

Craig retrouve quant à lui la forme de CASINO ROYALE, mêlant habilement émotion et séduction tout en imposant sa présence dans l’action. Autour de lui gravite toute une galerie de personnages qui ne l’étouffent pas, mais lui permettent, au contraire, d’être mis en avant tout en restant à dimension humaine. Bond n’est plus ce surhumain intouchable. Il saigne, il chute, mais se relève constamment. La séquence d’introduction, complètement folle, contient tout ce que le film va nous exposer. Lorsque le générique d’ouverture retentit sur la magnifique voix d’Adèle, Bond s’évanouit dans les profondeurs pour mieux renaître. SKYFALL est presque une nouvelle renaissance pour le personnage mythique crée par Ian Fleming.

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