Méandre, dans les couloirs de l’angoisse

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Après HOSTILES, le jeune cinéaste français Mathieu Turi poursuit sa carrière avec MEANDRE, un film concept qui se veut simple et direct. Après une séquence introductive, on plonge avec Lisa dans un dédale d’étroits tubes, parsemé de dangers en tous genres.

Si vous n’avez pas vu le film, je vous conseille donc d’arrêter immédiatement la lecture de cet article sous peine d’être impitoyablement spoiler !

Deuil et claustrophobie

Divertir et proposer une seconde lecture, voici une devise que le cinéaste veut appliquer à ses films. La thématique du deuil est ici omniprésente et ce, dès le premier plan. Lisa est au sol, attendant qu’une voiture ne vienne accidentellement l’écraser. Ce ne sera pas le cas. Dans un dernier sursaut, elle se relève et rencontre Adam (Peter Franzen), un criminel en cavale. La révélation de sa nature est d’ailleurs très habile puisqu’on l’entend par le biais de la radio. Un procédé qui fait rapidement grimper la tension. Nous ne sommes pas encore dans les tunnels, mais la sensation de claustophobie est déjà présente. Le chemin de croix peut alors commencer.

La richesse de la mise en scène est ce ce qui frappe directement lorsqu’on plonge dans le film. Jouant parfaitement avec la lumière (comme ce bracelet, souvent une unique source d’éclairage, une idée venant du directeur photo Alain Duplantier), Mathieu Turi jongle habilement avec nos nerfs et s’adresse à son public avec intelligence. On suit la protagoniste, sans que le récit ne nous donne une clé supplémentaire pour comprendre davantage le contexte. Une idée très intéressante que l’auteur n’abandonne jamais. Grâce à sa remarquable interprète principale, Gaia Weiss (vue notamment dans la série LA REVOLUTION sur Netflix), MEANDRE peut atteindre des sommets de tension. Impressionnante physiquement et émotionnellement, la jeune actrice risque bien de connaître de beaux lendemains dans sa carrière. Ici, elle réussit là où beaucoup d’autres ont échoué : nous faire croire qu’elle vit véritablement les événements. Et dans le cinéma de genre, ce n’est pas un mince exploit.

Un dénouement émouvant

Parfois, le film tombe dans la redondance, de par son décor assez uniforme et des épreuves répétitives. Ce qui ne gâche pas pour autant le plaisir que l’on ressent à la vision du film. Jusqu’à cette fin qui a beaucoup divisé parmi les spectateurs. Honnêtement, je la trouve très réussie. Il y a dans cette résolution émotionnelle une logique implacable à ce qu’on vient de découvrir. Lisa a parcouru une forme de purgatoire et son courage aboutit à cet Eden purement fantasmagorique. Ce n’est pas un dénouement impressionnant et c’est peut-être cela qui déçoit. Pure

interprétation, Lisa est certainement morte dès le début en même temps que son ravisseur. Lui aussi est dans le purgatoire, mais ce sont bien les flammes de l’enfer qui le brûlent. La séquence des souvenirs (esthétiquement pertinente) est peut-être aussi un autre indice de cette mort prématurée.

Après tout, le deuil traverse l’ensemble de MEANDRE. Plus qu’un film d’horreur (un genre dans lequel beaucoup l’inscrivent facilement), c’est finalement un drame qui se joue ici. Un drame qui vous noue le coeur et vous serre la gorge. Un deuil impossible à faire et une paix que l’on ne peut trouver dans la réalité. Maîtrisé, pertinent, divertissant, MEANDRE est une vraie réussite.

MEANDRE est actuellement disponible en VOD sur Rakuten Tv.

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