Wind River, un cri du désespoir signé Taylor Sheridan

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Taylor Sheridan, excellent scénariste de SICARIO et COMANCHERIA, clôture sa « trilogie » des territoires avec WIND RIVER sa deuxième réalisation. Sans Denis Villeneuve et David McKenzie, Sheridan prend un parti plus intimiste et moins important que ses camarades, tout en campant sur ses thèmes en donnant toute leur splendeur à des personnages forts, croqués avec une parfaite maîtrise. 

Parce que dans le fond, WIND RIVER parle de fêlures, celles de l’âme et du coeur, et de souffrance, celle que l’on enfouie pour continuer à vivre. Dans ces décors enneigés et déserts, à la frontière amérindienne, le monde s’est isolé car percuté par une exploitation vieille de quelques siècles. C’est d’ailleurs ce que dit Cory « Le silence et la neige, c’est bien la seule chose que l’on n’a pas pu prendre à ma famille ». Cet homme, ce chasseur, interprété avec force par Jeremy Renner, fait partie des oubliés. Avec une précision dramaturgique hallucinante, Sheridan nous fait vivre cette enquête avec un sens de l’humain imparable. Epuré au maximum, son récit se veut simple en apparence, se gardant bien de surexpliquer les situations. 

Alors que COMANCHERIA se résumait sur une note d’espoir (l’Amérique et son pouvoir, domptés par la force de conviction de deux frangins), WIND RIVER est un cri du coeur désespéré. Un coup de poignard dans ses oubliés de l’Amérique (et du monde) où aucun avenir n’est possible. Les traces du passé se voient partout, de ces décors anachroniques à ces visages fissurés par la vie. Le film est un vrai grand drame poignant, culminant dans la scène centrale de révélation d’une violence inouïe (que quelques critiques n’ont pas apprécié). Bien sûr, que les compagnies pétrolières soient visées, n’a rien d’anodin.PUBLICITÉ

Trop vite oublié (et pas assez exposé), WIND RIVER est à rattraper d’urgence, sous peine de passer à côté d’un beau film saisissant, aussi soigné dans le fond que sur la forme. 

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