Billy Wilder, le créateur

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Humoriste féroce, Samuel (dit Billy)  Wilder appartient, avec Otto Preminger (AUTOPSIE D’UN MEURTRE), à cette brillante école de cinéastes qui a grandi dans le giron de l’immense Ernst Lubitsch (LE CIEL PEUT ATTENDRE). Spécialisé vers la fin de sa carrière dans la comédie, Wilder est cependant

un cinéaste divers, un des créateurs du film noir avec le grandiose ASSURANCE SUR LA MORT (qui ressort cette semaine dans les salles). Il est également auteurs d’une des plus grandes mises en abîme d’Hollywood avec le chef-d’oeuvre SUNSET BOULEVARD. 

Etudiant en droit, danseur mondain puis journaliste, Wilder travaille ensuite à la UFA où il récrit des scénarios. Par la suite, il va suivre l’itinéraire de plusieurs émigrés allemands. Il quittera Berlin pour Paris où il réalise son premier film en 1934, MAUVAISE GRAINE. Agé de 28 ans et totalement inexpérimenté, il finira alors par rejoindre la Californie pour tourner une nouvelle page de sa vie. 

Il apprend l’anglais et le maîtrise à une vitesse stupéfiante et se retrouve à travailler pour des amis émigrés comme Joe May ou William Dieterle. Il collabore ensuite avec Charles Brackett à ses scénarios les plus célèbres, deux pour Lubitsch (LA HUITIEME FEMME DE BARBE-BLEUE, NINOTCHKO), un pour Hawks (BOULE DE FEU). Sur la foi de ce succès, Billy Wilder va convaincre la Paramount de le laisser passer à la réalisation. Entre UNIFORMES ET JUPONS COURTS et SUNSET BOULEVARD, il réalisera six films qu’il écrira avec Brackett.

Dans cette première partie de carrière la comédie ne s’affirme pas spécialement. En fait, si l’on excepte le succès de leur premier film, il n’y aura que deux comédies : LA VALSE DE L’EMPEREUR et LA SCANDALEUSE DE BERLIN, superbe comédie grinçante sur la maîtresse d’un ancien nazi qui vaudra au film d’être un échec total, trois ans seulement après la libération de Berlin. Il s’agit cependant d’une

oeuvre essentielle qui fonde la base du comique de Wilder : rire d’un sujet grave en se demandant jusqu’au bout à quel point il est possible d’aller trop loin. 

Travaillant avec d’autres scénaristes, Wilder traverse alors une dizaine d’années de transition. Son inspiration reste sombre, tant dans la comédie (STALAG 17) que dans le drame (LE GOUFFRE AUX CHIMERES). Mais il y dévoile aussi la part romantique de lui-même avec deux comédies : SABRINA ET ARIANE avec la sublime Audrey Hepburn et le classique SEPT ANS DE REFLEXION avec Marilyn Monroe. Une actrice qu’il retrouvera avec CERTAINS L’AIMENT CHAUD, probablement l’une des plus grandes comédies de l’Histoire du cinéma. Avec Jack Lemmon et Tony Curtis dans les rôles principaux aux côtés de Monroe, le cinéaste rend chaque gag, chaque situation imparable. L’écriture est parfaite. 

Sensible, faux cynique, Billy Wilder est un créateur, un artiste hors pair qui savait reprendre des codes établis pour créer les siens. Il en résulte un talent indiscutable pour le rire mais pas seulement. Mélange de noirceur et de lumière, il terminera sa carrière avec l’anecdotique BUDDY BUDDY (adaptation de L’EMMERDEUR de Francis Veber). Parfois considéré par la critique comme meilleur scénariste que metteur en scène (loin des prouesses technique d’un Alfred Hitchcock, par exemple), il aura malgré tout laisser quelques plans d’une beauté incroyable (notamment la fin de LA VIE PRIVEE DE SHERLOCK HOLMES avec cette ombrelle qui s’ouvre et se referme, épelant en morse un message d’amour).

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