Romeo + Juliette, l’ascension de Leo

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Voici le moment où le jeune acteur de vingt-deux ans va conjuguer crédibilité et popularité. C’est le moment où Leonardo DiCaprio découvre le rôle qu’incarne une superstar, probablement la dernière de son temps à cette échelle. Quand il accepte le rôle de Roméo dans ROMEO + JULIETTE, une nouvelle version de la pièce de Shakespeare concoctée par Baz Luhrmann, il ne sait pas encore que ce film va bouleverser sa vie. 

Des doutes… 

« Au début, j’avais des doutes : je ne voulais pas courir en collants en brandissant une épée. On m’a donné un scénario. A ce moment-là, je n’avais pas du tout envie de tourner dans une version traditionnelle de ROMEO ET JULIETTE. Si ça avait été un film d’époque, je n’aurais pas accepté. » Voici une déclaration lourde de sens qui fait écho à ses propres doutes par rapport à cette relecture. Effectivement, il ne

voyait pas comment rivaliser avec le film de Franco Zeffirelli réalisé en 1968 avec Leonard Whiting dans le rôle principal. Alors c’est une nouvelle fois son père qui persuada l’acteur d’examiner de plus près la proposition. Un homme fort pour Leo puisqu’il l’avait déjà poussé à accepter GILBERT GRAPERIMBAUD VERLAINE et MORT OU VIF ! 

A la recherche de Juliette

Le réalisateur s’efforce de démarrer son projet depuis plusieurs années déjà. En vain puisque le studio était réticent à porter un tel projet à l’écran. Lurhmann était intimement persuadé que chaque génération devait avoir sa propre version du classique shakespearien et, pour lui, celui qu’il avait rencontré lors de sa nomination à l’Oscar pour GILBERT GRAPE, symbolisait à merveille ce qu’il recherchait pour incarner son Roméo. Une fois les doutes de l’acteur envolés et son engagement devenu alors officiel, des essais sont passés pour trouver l’interprète idéale de Juliette. Au départ, Natalie Portman parut parfaite pour le rôle. Elle avait fait l’unanimité lors de ses débuts dans l’un des meilleurs films de Luc Besson, LEON. Mais quand elle commença à tourner des scènes avec DiCaprio, de sept ans son aîné, la FOX estima que le couple ne fonctionnait pas. L’autre actrice motivée pour le rôle est une certaine Kate Winslet. Trop âgée pour le rôle, elle devra patienter quelques années avant d’obtenir son heure de gloire… Liv Tyler et Alicia Silverstone furent également en pourparlers. Quand le réalisateur demanda l’avis de Leo, ce dernier maintint l’idée que Claire Danes devait interpréter le rôle. « Selon moi, il fallait que ce soit elle. Elle avait beaucoup de qualités que l’on recherchait pour le personnage de Juliette. ». La pression que l’actrice s’imposera elle-même la fit craquer à de nombreuses reprises. 

Un tournage mouvementé

Refaire ROMEO ET JULIETTE n’intéressait pas le cinéaste, ni les autres artistes engagés sur le film. Moderniser cette grande oeuvre étaient les maîtres-mots. Le tournage à Mexico, lui ne fut pas de tout repos. La mère de Claire Danes fut hospitalisée pour une pneumonie et un membre de l’équipe de Mexico dut, lui aussi, recevoir des soins intensifs après une altercation avec quatre hommes. Sans compter les abeilles tueuses, les multiples jambes cassés et une intoxication alimentaire qui interrompit le tournage durant quatre jours ! DiCaprio passa la plupart de son temps à vomir et, chaque fois qu’il le pouvait, il préférait se rendre jusqu’à Los Angeles. « En fait, le tournage est devenu 

beaucoup plus extrême que ce que chacun avait imaginé. » déclara Luhrmann. Malgré tout, ce dernier fut très apprécie de ses camarades. Les acteurs apprécièrent beaucoup jouer sa direction. « Tous les jours, sur le plateau, il est classe et distingué. Il voulait que tout soit frénétique, lyrique, intense. Sa vision était totale ! » s’enthousiasmait Claire Danes lors de la promotion du film. Leo, lui, le qualifiera de « génial, fin et intelligent« . 

DiCaprio vers les étoiles

Après les premiers tests, la FOX est très confiante et pense tenir là un carton. La première du film se déroule le 27 octobre 1996 à Los Angeles. C’est ici qu’on peut apercevoir les premiers signes de ce qu’on appellera plus communément la « Leomania ». Rick Yorn, l’agent de l’acteur à l’époque, fut stupéfait. « On est arrivé Leo et moi. Il y avait toutes ces jeunes filles, ces gamines, derrière une barrière. Elles ont réussi à la franchir ! On aurait dit un membre des Beatles. Elles se sont mises à hurler et là je me suis dit « Ouah ! C’est la première fois que ça atteint une telle intensité.« . Et ce n’est que le début. Malgré tout, les critiques furent assez négatives, et notamment sur l’acteur principal. Jay Carr du BOSTON GLOBE écrivit : « DiCaprio manque de relief, d’ardeur. Il se déplace furtivement comme un mauvais imitateur de James Dean tout en essayant de faire passer sa langueur et son air maussade pour de la profondeur d’âme. Il brille par son manque de présence.« . Un autre article issu du SAN FRANCISCO CHRONICLE fut également assassin. « Leonardo DiCapro et Claire Danes, qui interprètent les deux rôles principaux, ne sont pas à la hauteur du défi. Ils sont incapables de dire les répliques ni de transmettre les émotions qui les sous-tendent.« . La suite démontra que la génération MTV (telle était le terme dans lequel était désigné les jeunes de l’époque) ne lisait pas les critiques cinématographiques. Le film fit exploser le box-office dès son démarrage en amassant 11,1 millions de dollars le premier week-end ! Les adolescents ont pris d’assaut les salles obscures, l’engouement étant tel que certains magazines dépêchèrent des journalistes pour enquêter sur cette soudaine fascination pour Shakespeare. Ils découvrirent alors que c’est plutôt DiCaprio qui déchaînait les passions, plus que le célèbre auteur. 

Un succès incontournable

Les recettes plafonnèrent à 147,3 millions de dollars pour un budget de 14,5 millions. A présent, l’acteur change de dimension et prouve qu’il fait partie des têtes d’affiche susceptibles de porter un projet par sa seule présence. En parallèle, il connaît aussi les dérives de la célébrité (entre harcèlement, privation de libertés et autres déclarations improvisées) dont il allait devoir s’habituer : un certain paquebot historique attendait son embarcation à bord…

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