Les années 70, le renouveau américain et la mort du vieil Hollywood

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Le classicisme, la porte vers un imaginaire plutôt que le réalisme, les décors en studio et carton-pâte, voilà quelques éléments qui vont commencer à

disparaître à la fin des années 60, à Hollywood. Le déclin commence à s’amorcer et un film va changer le regard de tout le monde sur l’industrie : EASY RIDER. BBS, la société de production du film de Dennis Hopper, a prouvé que les réalisateurs devaient avoir les plein pouvoirs et être décideurs de leurs films ! En somme, les laisser jouir d’une véritable liberté créatrice tout en ayant du succès.

Une nouvelle générations de cinéastes

Les studios n’ont alors d’autres choix que de laisser de jeunes réalisateurs prendre le « pouvoir ». Des cinéastes plus en phase avec leur époque, celle des hippies et de la guerre du Vietnam, mais aussi celle de la paranoïa et du complot. Ce changement de management est facilité par une série de fusions et de rachats qui bouleversent le paysage audiovisuel américain. Depuis 1966, les recettes ne fonctionnent plus, il y a un véritable problème d’emphase entre les spectateurs et les producteurs. Mais la grande époque de ces derniers va se terminer et laisser place aux visions d’un cinéaste. 

Tous ces bouleversements, qu’ils soient dans le milieu cinématographique ou sociétal, favorisent l’avénement d’une jeunesse qui veut taper du poing sur la table. Elle veut se faire entendre, par le rock ou la libéralisation culturelle et sexuelle. Les années 70 sont synonymes de grands changements et le cinéma n’y échappera pas. Entre leurs références de films classiques et leur tempérament penchant vers un cinéma plus réaliste, les jeunes réalisateurs frondeurs vont devenir les indispensables porte-paroles d’une jeunesse désabusée par ses modèles. Ainsi, Francis Ford Coppola est le chef de file du mouvement. La Warner lui confie d’abord LA VALLEE DU BONHEUR en 1968, première expérience malheureuse qui sera vite oubliée par LES GENS DE LA PLUIE, un road-movie. Le succès de ce dernier permettra au cinéaste de fonder « Zoetrope », un studio alternatif aux majors, et destiné à accueillir des cinéastes émergents dont feront partie George Lucas ou encore John Milius.

Coppola va littéralement libérer des rêveurs de cinéma qui se cachaient. Brian de Palma et Martin Scorsese débarquent à leur tour, portés par une époque qui leur sied complètement. De Palma est immédiatement engagé par la Warner pour réaliser GET TO KNOW YOUR RABBIT en 1972 puis, dans la foulée, pour SOEURS DE SANG en 1973, un thriller sophistiqué qui va vraiment révéler son talent. Scorsese, lui, s’impose avec MEAN STREETS en 1973. Violent et âpre, il est l’un des symboles de cette nouvelle génération qui ne fait aucune concession. 

Un élan contrarié

Malheureusement, l’embellie va vite se retrouver au placard. A la fin des années 70, les échecs sont trop nombreux pour les structures alternatives qui doivent rembourser des sommes importantes. La prise de risque n’a pas totalement payée et un rééquilibre des forces va s’opérer : le réalisateur garde le contrôle, mais il devra composer avec les exigences de la major. Francis Ford Coppola accepte l’adaptation du PARRAIN en 1972 pour rembourser l’échec du premier film produit par Zoetrope (qu’il fermera quelques années plus tard). Il impose ses choix à la Paramount, autant au niveau du casting que de l’histoire, qu’il veut sombre et peu conventionnel. Avec LE PARRAIN, Coppola deviendra l’un des cinéastes les plus importants d’Hollywood et fera de son adaptation le plus gros succès de tous les temps aux Etats-Unis. Une nouvelle ère approche alors. 

Celle que nous connaissons aujourd’hui. Avec 86 millions de dollars de recettes (score énorme à l’époque), l’industrie est bouleversée par ce score incroyable. Les frondeurs (néo-cinéastes) et les majors vont donc vers un rapprochement pour tenter de décrocher le jackpot. Les réalisateurs s’y résignent, étant donné que les dettes s’accumulent pour leurs studios alternatifs.

Cependant, ils ne vont pas se renier pour autant en réalisant le film qu’il désire, tout en acceptant quelques conditions. Ainsi, un réalisateur comme William Friedkin va totalement réussir cet équilibre avec FRENCH CONNECTION. Puis, bien évidemment avec L’EXORCISTE en 1973 qui bat le record au box-office du PARRAIN. La chasse aux dollars est lancée et, bientôt, la politique du blockbuster va naître. Steven Spielberg en sera l’initiateur, lui le prodige de 25 ans qui vient de réaliser DUEL. En 1975, LES DENTS DE LA MER changera profondément le paysage audiovisuel américain en devenant, plus de quarante ans plus tard, la norme mondiale. 

Ce regard sur le passé nous prouve une fois de plus que le cinéma est dépendant de l’argent et qu’opposer recettes et septième art serait ridicule. Malgré de grandes ambitions, les cinéastes indépendants n’ont pas réussi à aller complètement au bout de leur volonté. Ils ont dû revenir sous la sécurité d’une major pour développer leur force créative.    

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