Drunk, Mads Mikkelsen en pleine ivresse

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L’un des fondateurs du fameux Dogme sur un film qui met en évidence l’alcoolisme ? Voilà qui ressemble à un geste frondeur et complètement rebelle. En mêlant la saveur de l’ivresse à la difficulté de passer le cap de la quarantaine, Thomas Vinterberg met en scène un film aussi drôle que triste.

Selon le rapport d’un psychologue, l’homme devrait vivre avec 0,5 % d’alcool dans le sang pour être en pleine forme, joyeux et moins soucieux. Quatre amis vont tenter l’expérience. Au début, tout semble rouler, mais l’inéluctable conséquence de cet acte va rapidement faire dérégler la machine si bien huilée. Les larmes aux yeux et le visage creusé par la fatigue, Mads Mikkelsen interprète Martin, un homme dont la douleur est parfaitement visible. Pourtant, celle-ci ne sort pas, et même sa femme n’a pas le droit aux explications. Seulement à sa disparition. Pas physique, non, mais mentale, psychologique. Ses larmes à la fin du premier acte sont terribles et nous connectent directement à son histoire.

Aussi mince soit-il, le fil qui sépare la célébration de la dénonciation existe bien dans DRUNK. Le sujet principal reste l’ivresse, cette sensation qu’on a d’être déconnecté de la réalité. La séquence du pure lâcher-prise est un petit bijou au sein d’un récit qui se construit au fil de cette nouvelle vision de la vie. Outre Martin, il y aussi Tommy, un homme seul et déjà un peu trop porté sur la bouteille. Tout en extravagance, Thomas Bo Larsen lui prête ses traits avec un sens de l’empathie prodigieux. Nikolaj, de son côté, subit sa vie de famille et voit son couple s’effriter de jour en jour. Magnus Millang se glisse dans cette lasse existence avec beaucoup d’humour et d’amère tristesse. Enfin, Lars Ranthe incarne Peter, l’autre célibataire du groupe qui cherche un sens à sa vie.

Voilà un quatuor complémentaire et drôlement attachant. Cette liberté que ces hommes s’octroient est d’abord libératrice. Vinterberg joue la carte du faux-suspense avec un spectateur qui s’attend à voir les choses complètement déraper. Ces conséquences sont alors filmées avec beaucoup de subtilités, les mots restant souvent suspendus car trop difficiles à émettre. Le cinéaste en profite pour mettre en évidence un parallèle entre ces quadragénaires et les adolescents. L’idée de les définir en tant que professeurs est très intéressante

puisqu’elle permet un lien direct entre le passé et le présent. D’ailleurs, Martin est souvent ramené dans le premier par les autres. Ils le plongent dans une époque désormais révolue, l’obligeant à se remémorer cet homme qu’il n’est plus. Lorsqu’il demande à sa femme s’il est devenu « chiant« , elle lui pose cette question en retour : « par rapport à avant ?« . Le malaise est là, évident, mais toujours enfoui par les principaux protagonistes. La désinhibition va lors confronter ces derniers à la réalité qu’ils souhaitaient fuir.

DRUNK est un film puissant qui fascine tout au long de ses deux heures. Tout juste peut-on reprocher au cinéaste de ne pas trancher et de laisser planer un doute sur ses véritables intentions. Il parle également des valeurs d’un pays, d’une société trop parfaite qui n’autorise pas les débordements. Le cadre et la discipline s’envolent dans DRUNK pour toucher les spectateurs par la seule grâce d’une danse finale renversante.

Note

Note : 4 sur 5.

DRUNK est disponible en VOD sur Rakuten Tv.

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