La violence esthétisante ou la face cachée de l’Amérique

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Les avancées techniques ont permis de filmer une violence tant esthétique que réaliste. Certains réalisateurs ont exploré la veine du film d’action, d’autres ont ausculté la figure du meurtrier mafieux ou psychotique. 

Après UN APRES-MIDI DE CHIEN (1975), Sidney Lumet choque : il montre des braqueurs de banque à figure humaine. Trop gentils, ce sont des amateurs pris au piège. Dans le clan Corleone filmé par Francis Ford Coppola dans sa trilogie chef-d’oeuvre LE PARRAIN, on s’entre-tue, mais l’essentiel de ses difficultés sont familiales ou amoureuses. Bien que négatifs, ces personnages ne sont pas

des monstres. Un autre exemple, SCARFACE réalisé en 1983 par Brian De Palma. Tony Montana (Al Pacino) meut parce qu’il est faillible. Les spectateurs vont s’attacher à ces personnages au dessus des lois comme L’INSPECTEUR HARRY avec Clint Eastwood ou encore TUEURS-NES de Oliver Stone (1994). 

Mais une rupture dans les années 90 va se créer, donnant naissance à des morts violentes. SEVEN, grand film de David Fincher, dénonce les perversions d’une société étouffante et pose la question du Mal à travers son meurtrier qui tue en respectant les sept péchés capitaux. Autre personnage culte et terrifiant, Hannibal Lecter dans LE SILENCE DES AGNEAUX en 1990. Il effraie parce que son mode de fonctionnement dépasse le sens commun. La société américaine peut tenter de se protéger, elle ne peut plus ignorer ces malades qui se manifestent en massacrant à tour de bras. Oui, l’Amérique devient vulnérable et s’auto-détruit en donnant naissance à de véritables monstres. 

Les cinéastes, quant à eux, jouent sur une mise en scène où la suggestion est toute-puissante : des blessures sanguinolentes et réalistes, montrées sous tous les angles qui s’enchaînent dans un montage effréné. La qualité des maquillages et la véritable naissance des images numériques permettent aux artistes de montrer la violence frontale. Quentin Tarantino l’élèvera au rang d’art notamment avec le film ultime sur la gratuité du neutre : PULP FICTION.

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Récemment le concept de violence s’est encore décliné en jouant la carte du « cool » avec DEADPOOL, par exemple, où la vulgarité et la provocation agissent comme des vecteurs de transmission, avec un public conscient de regarder un film et qui n’entre pas émotionnellement dans l’histoire racontée. Cette violence punchy et désincarnée se retrouve dans de nombreux métrages commercialisant leur part artistique par des interdictions superflues. Le gore, comme la saga SAW, n’a plus de volonté dénonciatrice mais devient présent pour repousser les propres limites de tortures émotionnelles du spectateur. Un exercice vain que le spectateur moderne apprécie, lui qui est martelé d’images à longueur de temps. Avec la crise sanitaire et ce scénario de dystopie que le monde est en train de vivre, nulle doute que la violence, qu’elle soit esthétique ou fondamentale, adoptera un nouveau comportement vis à vis du public.

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