Longtemps ignoré sur la carte du cinéma asiatique au détriment de la Chine et du Japon, le cinéma coréen a crée un nouvel impact à l’aube des années 1990 avant d’exploser littéralement en Occident au cours de ce début de siècle.
Tout bascule à la fin du XXème du siècle avec le film de Kim-Ki-duk, L’ILE, une oeuvre troublante qui trouve son public hors de ses frontières. Assez pour que la France commence à jeter un oeil timide à un cinéma peu pris au sérieux. Aujourd’hui, la Corée du Sud est le seul pays asiatique doté d’une cinématographie nationale forte, puisque ses films font plus de 50% des entrées au box-office ! Même Hollywood ne parvient pas à lutter contre cette puissance qui ne cesse de s’intensifier au-delà de ses propres frontières. D’ailleurs, d’un point de vue historique, c’est un indéniable pied de nez puisque le pays reste assez dépendant des Etats-Unis sur le plan économique.
Des lois pertinentes et intelligentes ont été signées dans le bon sens comme celle des quotas qui oblige les exploitants à montrer des films coréens 146 jours par an. Sur ce point, l’industrie nationale se bat contre la pression américaine qui veut abolir ces quotas depuis un long moment. D’autre part, la déflagration provient évidemment de toute une génération de cinéastes exceptionnelle qui ont, pour certains, étudiés aux Etats-Unis tout en grandissant dans les univers de néo-polars menés par un cinéaste comme John Woo. En plus de posséder des moyens de plus en plus importants, le pays présidé par Moon Jae-In s’intéresse à tous les genres.

Pourtant, le cinéma coréen revient de loin. De l’occupation japonaise jusqu’en 1945 jusqu’à la dictature militaire des 60s en passant par la guerre civile des années 50, le pays est en proie à une transition difficile que le cinéma transmet avec des mélodrames ou de grandes fresques historiques. Un lent retour vers la démocratie s’opère à partir de 1986 après une révolte étudiante sanglante. Ce qu’on appelle alors la “Nouvelle vague coréenne” est adapte d’un réalisme social représenté par des cinéastes comme Jang Sun-Woo (SEOUL JESUS) ou encore Park Kwang-su (A SINGLE PARK).
Aujourd’hui, la force de cette Histoire lourde et difficile est transmise de génération en génération avec une ouverture à la culture identitaire très forte. Trois cinéastes sont aujourd’hui les véritables socles du cinéma coréen autour desquels gravitent tous les autres : Park Chan-Wook (OLD BOY), Kim Jee-won (LE BON, LA BRUTE ET LE CINGLE) et évidemment Bong Joon-Ho qui vient d’atteindre un nouveau palier avec ses oscars du meilleur film et du meilleur réalisateur pour le formidable PARASITE.
L’incroyable vivacité du cinéma coréen réside dans sa force de représentation et sa faculté de passer d’un genre à l’autre avec une aisance remarquable (et des moyens de plus en plus considérables). Par exemple, le film catastrophe, un genre un poil dépassé, est manié avec une habileté assez exceptionnelle là-bas. Souvent impressionnants, les longs-métrages revêtent également d’une profondeur qui n’existent plus beaucoup dans les grosses productions occidentales (et notamment américaines). Un film de guerre comme BATTLESHIP ISLAND n’a pas beaucoup d’équivalent actuellement dans sa catégorie. Au vu de la nouvelle génération qui arrive et des projets en préparation, le cinéma coréen risque bien de s’installer dans le paysage audiovisuel mondial.
Bon jour,
J’ai découvert le cinéma coréen il y a peu … et c’est assez formidable …
Max-Louis