Manhunter, Hannibal par Michael Mann

Le phénomène que deviendra LE SILENCE DES AGNEAUX en 1991 a quelque peu effacé des tablettes la première apparition du célèbre Hannibal au cinéma. C’était en 1987 avec MANHUNTER (rebaptisé en France LE SIXIEME SENS), réalisé par Michael Mann.

MANHUNTER est l’adaptation de DRAGON ROUGE, le deuxième roman de l’écrivain Thomas Harris paru en 1981. C’est la première fois qu’apparaît donc le célèbre Hannibal Lecter (rebaptisé Lektor dans le film). Trois ans après l’échec de LA FORTERESSE NOIRE, Mann se penche sur le travail précis de Harris et s’inspire, à son tour, du vrai profiler Robert Ressler. Avant lui, le film fut proposé à David Lynch, mais ce dernier refusa, trop occupé sur son BLUE VELVET et digérant encore l’échec de DUNE.

Lektor est là

On suit donc l’agent fédéral William Graham (William L.Petersen) vit retiré de ses obligations professionnelles depuis qu’il a été gravement blessé par le dangereux psychopathe cannibale Hannibal Lecktor (Brian Cox), incarcéré par la suite. Jack Crawford (Dennis Farina), un ancien collègue du FBI, le contacte pour qu’il l’aide à arrêter un tueur en série, Dragon rouge, qui assassine des familles lors des nuits de pleine lune. Pour réussir sa mission, Graham va se mettre à penser comme le meurtrier et va notamment consulter, dans ce sens, le détenu Hannibal Lecktor…

Afin de surfer sur le succès de HANNIBAL et de prolonger le plaisir avec Anthony Hopkins, une autre adaptation de DRAGON ROUGE fut réalisée en 2002 par Brett Ratner. Plus célèbre, cette version n’a toutefois jamais effacé la précédente aux yeux des puristes. Il faut dire que celle de Michael Mann profite de la précision de son maître à bord, sa mise en scène étant millimétrée et effrayante. Si

quelques effets ont mal vieilli, MANHUNTER reste captivant de bout en bout, rehaussé par la performance étonnamment ténébreuse de Brian Cox. Eloigné de la malice diabolique chère à Hopkins, Cox bâti son interprétation sur sa stature mystérieuse à l’aide d’une incarnation presque fantastique.

Un échec au box-office

Dans un mélange d’artifices empruntés à la télévision, à la publicité et au clip (la grande tendance dans les 80s), Michael Mann frappe par l’esthétisme de ses plans, ce dont souffre énormément le pâle DRAGON ROUGE de 2002. Psychologique et dérangeant, MANHUNTER est ainsi frappé d’onirisme, ouvrant clairement la porte aux futurs grands thrillers qui sont sur le point d’arriver sur les écrans.

Malheureusement, le film sera un véritable échec lors de sa sortie, ne rapportant que 8 millions de dollars au box-office. Il faudra de nouveau attendre trois ans avant de voir Michael Mann reprendre la caméra pour le moyen L.A TAKEDOWN.

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