Après avoir connu le succès aux yeux du monde entier avec AMERICAN BEAUTY, le réalisateur Sam Mendes cherche un nouveau projet. Hollywood lui fait forcément les yeux doux et plusieurs films lui sont proposés comme UN HOMME D’EXCEPTION (que Ron Howard finira par réaliser), TERRE NEUVE (repris par Lasse Hallström) ou encore THE LOOKOUT. Mais c’est bien LES SENTIERS DE LA PERDITION qui marquera le cinéaste.
Un projet d’envergure
D’abord envoyé à Steven Spielberg, le roman graphique éponyme finit par atterrir dans les locaux de Dreamworks. Déjà trop occupé sur ses nombreux projets, Spielby ne veut pas se pencher sur l’adaptation. Malgré tout, il va contacter le scénariste David Self pour écrire une première version du script basé sur la BD. Mendes accroche à cette histoire simple d’apparence, mais ancrée dans des thèmes profonds. Max Alan Collins, le créateur originel du récit, aimerait, de son côté, adapter lui même son oeuvre. Malheureusement, on ne lui en donne pas l’occasion et il décidera alors de ne pas s’immiscer dans le processus créatif.
Nous sommes en 1930 et l’histoire s’intéresse à deux pères : Michael Sullivan (Tom Hanks), un tueur professionnel au service de la mafia irlandaise, et John Rooney (Paul Newman), son patron et mentor, qui l’a élevé comme son fils. Avec eux, il y a également deux fils qui tentent d’exister aux yeux de leur père. La jalousie et l’esprit de compétition va alors les plonger dans une spirale de violence infernale qui ne peut conduire qu’à un drame dont les premières
victimes sont la femme de Sullivan (Jennifer Jason Leigh) et son fils cadet Peter (Liam Aiken). Un long voyage commence alors pour Michael et son fils survivant, plongés tous deux dans l’ombre de la vengeance et de la mort. Noir et désespéré, LES SENTIERS DE LA PERDITION coupe le souffle par sa dimension tragique. Celle-ci se révèle encore plus forte quand on sait que c’est la dernière apparition de Paul Newman au cinéma (il décédera en 2008). Sam Mendes le sublime, l’ironise, tout en le rendant terriblement humain. Face à lui, l’inépuisable Tom Hanks qui nous éblouit encore de sa présence magnétique, plus monolithique que d’ordinaire, imprégnant avec puissance la pellicule de son ombre crépusculaire. Impossible de rester de marbre devant un tel spectacle qui parvient sans mal à puiser sa force dans sa dramaturgie pour nous émouvoir. Sans parler d’une formidable bande-son composée par Thomas Newman qui oscille entre élégie et vibrantes cordes noires.
Le second souffle
A sa sortie, le film n’est pas un carton, n’amassant que 180 millions de dollars pour 80 millions de budget. D’ailleurs, on peut remarquer que ce dernier reste élevé pour un long-métrage qui ne s’adresse pas à tous les publics. Il fait partie de ce genre de films pour adultes qui ne trouve plus beaucoup sa place aujourd’hui dans les salles, les majors étant frileuses de perdre leurs précieux dollars dans un
projet qui n’offre aucune certitude de rentabilité. LES SENTIERS DE LA PERDITION s’est, en revanche, offert un second souffle impressionnant en vidéo, cumulant plus de 200 millions de dollars sur le marché de la vidéo ! Le bouche à oreille a fait son oeuvre et les locations de DVD (une autre époque, pourtant pas si lointaine…) ont fait explosé la côte du film de Sam Mendes. Ce dernier partira ensuite faire JARHEAD, un film impressionnant sur la Guerre du Golfe avec Jake Gyllenhaal et Jamie Foxx.