Vampires, l’odyssée sauvage de John Carpenter

En 1996, John Carpenter convoquait une nouvelle fois Snake Plissken pour LOS ANGELES 2013, suite de NEW-YORK 1997 conspuée à l’époque. Le cinéaste commence à en avoir marre du système et décide même de stopper sa carrière.

Western, horreur et Jack Crow

Avant d’être séduit par le projet VAMPIRES, Carpenter se sent épuisé par les échecs au box-office et les virulentes critiques qu’il subit. Il déclarait à l’époque que le cinéma “avait cessé d’être amusant” et le flop de

LOS ANGELES 2013 avait fini de le convaincre de raccrocher. Mais lorsqu’il est approché pour l’adaptation du roman de John Steakley, VAMPIRE$, il est intrigué par la volonté de mélanger western et film d’horreur, chose qu’il voulait déjà faire dans les 70s. Il se lance alors une sorte d’auto-pari : s’il prend à nouveau du plaisir derrière la caméra, la retraite attendra.

Dans VAMPIRES, on suit Jack Crow (génial James Woods), un chasseur de vampires. Apres avoir vu ses parents succomber aux dents acérées de l’un d’entre eux, Crow a consacre sa vie à les chasser dans une traque impitoyable qu’il mène depuis des années en compagnie d’une poignée de mercenaires connus sous le nom de Team Crow. A la demande du cardinal Alba (Maximilian Schell), émissaire du Vatican, Crow et ses hommes partent au Nouveau-Mexique avec pour mission de détecter les nids de vampires et de les détruire. L’objectif de Carpenter est de trancher un peu avec les stéréotypes du film de vampires. Il voulait faire de ces derniers de véritables sauvages occupés à décimer des humains et non des êtres gothiques reclus dans leur solitude. Le cinéaste a de sacrées ambitions sur le papier, mais celui-ci va être drastiquement remanié : la Columbia décide subitement de couper une grande partie du budget initial.

Un choix difficile

Pour incarner le terrible Jack Crow, la recherche de l’acteur idoine est difficile. En première intention, Carpenter pense à son bien-aimé Kurt Russell qui se doit de refuser en raison d’engagements antérieurs sur d’autres films. Autre piste étudiée, R. Lee Ermey, l’inoubliable sergent-instructeur Hartman dans FULL METAL JACKET, que le studio rejette automatiquement. Si le profil correspond totalement, c’est plus son côté bankable qui fait douter les financiers. La Columbia va donc voir de l’autre côté avec des pointures comme Clint Eastwood et Tommy Lee Jones qui refusent tous les deux. Toutes les parties tombent d’accord sur James Woods, connu pour ses rôles dans VIDEODROME, IL ETAIT UNE FOIS EN AMERIQUE ou encore CASINO. Pas forcément hyper bankable, mais totalement en phase avec la nature sauvage et décomplexée du personnage principal.

Vampires, un succès et une trilogie

Sur le plateau, le cinéaste reprend de l’allant et du plaisir, parvenant même à collaborer facilement avec un James Woods réputé difficile. Cette simplicité lui rappelle alors pourquoi il aime le cinéma et il le

transmet indéniablement dans sa mise en scène : tout semble excessif, surdosé, en totale roue libre et pourtant parfaitement maîtrisé. Carpenter s’éclate derrière la caméra et à la BO, son casting aussi (Thomas Ian Griffith en Valek a de l’allure) tout comme le département artistique, ravi de pouvoir faire couler le sang à flot. C’est l’exemple même du film qui compense un scénario faiblard (on peut être curieux de savoir ce que nous réservait le premier script) par une réalisation détonnante. VAMPIRES est un gros succès en salles (il signera d’ailleurs le meilleur démarrage de sa carrière au Box-Office nord américain) et en vidéo, donnant même lieu à une trilogie avec deux films DTV, VAMPIRE 2 : ADIEU VAMPIRE (produit par Carpenter) et VAMPIRES 3, LA DERNIER ECLIPSE DU SOLEIL. Le cinéaste, lui, poursuivra donc sa carrière avec le mal-aimé GHOTS OF MARS en 2001 puis l’achèvera avec l’anecdotique THE WARD en 2011.

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