Une vie volée, James Mangold plonge Winona Ryder dans un enfer psychiatrique

Le premier long-métrage de James Mangold intitulé HEAVY a tellement marqué les esprits que c’est Winona Ryder en personne qui a choisi le cinéaste pour diriger UNE VIE VOLEE. L’actrice avait en effet acquis les droits du livre autobiographique écrit par Susanna Kaysen qu’elle interprète à l’écran.

La force du casting

En 1967, lors d’un entretien avec un psychanalyste, Susanna Kaysen (Ryder) apprend qu’elle souffre d’un trouble de la personnalité. Elle est envoyée dans un hôpital psychiatrique renommé de la Nouvelle-Angleterre et se retrouve dans un univers étrange peuplé de jeunes filles aussi séduisantes que dérangées, telle Lisa (Angelina Jolie), une charmante sociopathe qui met au point avec elle une

désastreuse tentative d’évasion. Deux ans après avoir dirigé Sylvester Stallone, Robert de Niro et Harvey Keitel dans COPLAND, Mangold compose cette fois avec un excellent casting féminin qui comporte Winona Ryder, Angelina Jolie, Whoopi Goldberg, Elisabeth Moss, Brittany Murphy et Vanessa Redgrave. Une fois encore, le cinéaste prouve sa capacité à diriger son casting. Angelina Jolie remportera d’ailleurs l’actrice de la meilleure actrice dans une second rôle pour sa redoutable interprétation en Lisa.

Leçon d’interprétation

UNE VIE VOLEE est une virée troublante à l’intérieur du milieu psychiatrique dans lequel une femme est plongée malgré elle. Le livre écrit par Kaysen fut un véritable phénomène lors de sa sortie en 1993. Winona Ryder a tenté durant de nombreuses années de le transposer au cinéma, fascinée par l’histoire de cette femme prise au piège. Sur le plateau, elle va former avec Angelina Jolie un drôle de duo puisque cette dernière préfère éviter au maximum tout lien avec sa camarade afin de rester dans la peau de son personnage. Ainsi, elle interprète Lisa comme si c’était la seule personne saine d’esprit du film. « Dans le fond, j’étais presque contrariée quand on me disait que j’étais douée pour jouer les folles » dira-t-elle lors de la sortie du film. « Moi je n’ai pensé qu’elle était folle. Elle était juste incroyablement honnête ce qui, je suppose, la faisait passer pour folle. ».

Mangold et ses personnages

Si le film n’est guère loué par les critiques lors de sa sortie, il est aujourd’hui largement reconsidéré et s’insère avec brio dans une filmographie d’une belle qualité pour le cinéaste. Si Mangold en rajoute un peu dans l’aspect mélodramatique, il réussit à nous lier à ses personnages, certainement sa plus grande force. Dans COPLAND déjà, il avait priorisé la psychologie à l’action, la contemplation au mouvement. Plus tard, il le fera de nouveau avec WOLVERINE, LE COMBAT DE L’IMMORTEL et LOGAN, offrant au personnage incarné par Hugh Jackman une profondeur certaine. Pareil pour 3H10 POUR YUMA ou WALK THE LINE qui s’attache coute que coute au parcours intérieur de Johnny Cash, défiant ainsi les codes limités du biopic.

Laisser un commentaire