Mississippi Burning, le brûlot politique d’Alan Parker

Sortant du génial, mais ignoré, ANGEL HEART en 1987, le grand Alan Parker enchaîne avec un film qui va bouleverser son époque et réveiller les consciences. MISSISSIPPI BURNING retentit toujours aujourd’hui avec une force inexpugnable.

Une charge politique

En 1987, Alan Parker reçoit une offre de scénario de la part de la MGM. Ecrit par Chris Gerolmo, l’histoire narre des événements qui se sont déroulés en 1964 dans l’Etat du Mississippi, resté très conservateur. Trois hommes disparaissent et le FBI est mis sur le coup. Jugeant le scénario globalement bon, Parker décide

quand même de le retoucher. Il y ajoute néanmoins un commentaire politique bien plus prégnant. Sans toutefois renier sa dimension policière avec, en trame de fond, l’enquête de deux agents aux caractères et méthodes diamétralement opposés. Le studio désapprouve cette portée politique et exige que la partie thriller soit respectée. Le cinéaste, intelligent et conciliateur, assure les demandes des producteurs, mais réécrit tout de même le scénario dans son entièreté. 

Au final, l’exécution de MISSISSIPPI BURNING est assez prodigieuse et s’avère aussi riche thématiquement que limpide dans sa ligne narrative. Parker a d’ailleurs cette force de réussir à parler au plus grand nombre avec des sujets graves (comme MIDNIGHT EXPRESS). Il manie avec talent le suspense et le fond qui révèle souvent une charge politique certaine. Sur le Ku Klux Klan, peu de films ont réussi à montrer aussi bien le visage tordu de cet organisme appelant à la haine raciale que MISSISSIPPI BURNING.

Un duo complémentaire

En deux heures de bobines, le long-métrage est parcouru de séquences percutantes qui secouent le spectateur. Le réalisateur privilégie cette approche pour amener à la réflexion sur la violence et ce qu’elle finit par engendrer. Le duo formé par Gene

Hackman et Willem Dafoe est impérial avec une mention spéciale pour le premier, détonnant en agent d’apparence diplomatique, mais qui finit par être rongé de colère suite aux événements injustes qui se déroulent sous ses yeux. 

Le film fut un vrai succès en salles (et notamment en France avec plus de 700 000 entrées), mais l’Académie ne lui concéda qu’une seule récompense lors de la cérémonie des Oscars, celle de la meilleure photographie (RAIN MAN obtint cette année-là les oscars principaux dont meilleur film et meilleur réalisateur pour Barry Levinson). Certains historiens se sont aussi insurgés face à la vision quelques peu hagiographique des agents du FBI. En effet, leur conduite fut jugée « scandaleuse », ce que le film ne montre pas. Au-delà de ces faits (encore discutés), la puissance de MISSISSIPPI BURNING résonne, hélas, avec une force toujours aussi imparable aujourd’hui et sa ressortie récente (dans une copie resplendissante) lui offre une nouvelle lumière. 

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