Le Viager, une comédie noire signée Pierre Tchernia

Il y a une poignée de films dans l’Histoire du cinéma qui sont devenus des références dans la réalité. LE VIAGER s’est immiscé dans cette catégorie avec son histoire noire déguisée en comédie qui nous fait autant rire que réfléchir sur nos travers humains.

En 1930 à Paris, Léon Galipeau, médecin généraliste à la compétence discutable, ausculte Louis Martinet, célibataire de 59 ans. Persuadé que son patient, usé, n’a que deux ans tout au plus à vivre, Galipeau convainc son frère Émile d’acquérir en viager la maison de campagne que possède Martinet dans un petit village de pêcheurs alors méconnu : Saint-Tropez. Confiants dans leur affaire, les deux frères acceptent même d’indexer la rente viagère sur le cours d’une valeur, pensent-ils, sans avenir : l’aluminium. Alors que les années passent, non seulement Martinet garde bon pied bon œil mais encore reprend-il vigueur et entrain sous le soleil provençal. C’est l’époque de l’essor des aéroplanes : l’aluminium grimpe, la rente viagère augmente sans fin et la famille Galipeau s’impatiente. Lassée d’attendre le trépas de Martinet, elle échafaude des plans pour se débarrasser de l’encombrant crédirentier.

Avec l’aide de René Goscinny au scénario, Pierre Tchernia écrit LE VIAGER avec une grande rigueur afin d’injecter cet humour noir qui contaminera chaque scène du film. Durant deux ans, le créateur d’ASTERIX et le réalisateur échangent sur le scénario tout en l’alimentant dans les voyages en train qui les mènent à Bruxelles (où ils supervisent le film d’animation LUCKY LUKE). Ils s’inspirent notamment d’une histoire vraie, celle d’un vendeur en viager qui a survécu à ses acheteurs en devenant centenaire ! Il faut dire que c’est bien là un sujet aussi comique que… tragique !

Avec son casting fabuleux (Michel Serrault et Michel Galabru sont savoureux) et ses dialogues d’une grande justesse, LE VIAGER est un film inoubliable et multi-diffusé, mais dont on ne se lasse jamais. C’est le cinéma français des 70s qui ne sacrifiait jamais la forme au détriment du fond, soignant chaque détail et s’autorisant une grande liberté de ton. LE VIAGER est une oeuvre éternelle qui touche encore et encore les générations successives.

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