Critique de THE FABELMANS

Steven Spielberg. Ce nom est gravé dans toutes les mémoires, même celles qui n’apprécient guère le cinéma (ça existe, je vous assure). Plus qu’un cinéaste, c’est un homme qui a ému des millions de spectateurs à travers le monde grâce à des longs-métrages extraordinaires qui ont marqué à jamais l’Histoire. Les émotions diverses et variées qu’il a provoquées témoignent de son immense savoir-faire : il est, avec James Cameron, le seul qui a toujours su comment dialoguer avec le plus grand nombre par le biais de ses films.

Contre vents et marées, il a tenu bon, même quand des tournages s’avéraient catastrophiques ou quand

la presse le condamnait pour son cinéma soi-disant infantilisant. La même qui a été contrainte de retourner sa veste quand est venu le temps des grands drames plus matures et moins « grand public ». Avec THE FABELMANS, les médias l’affichent partout, comme si ce film-testament témoignait seulement de son impérial savoir-faire. Je caricature, mais il y a un fond de vérité. Depuis une décennie, certains ont l’impression qu’il s’est perdu, alors qu’il a enchaîné des films de haute volée : CHEVAL DE GUERRE, LE PONT DES ESPIONS, READY PLAYER ONE, PENTAGON PAPERS. Des films mineurs, vraiment ? Et que dire de son remake de WEST SIDE STORY, sommet de cinéma qui prône de magnifiques valeurs tout en rendant un hommage soufflant au 7ème art ? Dans cette optique, THE FABELMANS hausse encore le niveau. Cette histoire, c’est lui. C’est son âme, sa passion, sa vision de la vie, de la famille, de l’amour.

Il est difficile de ne pas s’émouvoir devant ce récit parfaitement écrit par Spielberg et son acolyte Tony Kushner. Les souvenirs s’impriment sur la pellicule et défile devant nous avec une mélancolie forcément touchante. La scène d’ouverture donne le ton : la caméra est braquée sur un petit garçon qui part pour sa première séance de cinéma. Ses parents lui expliquent ce qu’est cet art si abstrait pour son jeune esprit et la mise en scène nous dévoile alors leur visage. Paul Dano est le père, Michelle Williams est la mère. Ensemble, ils vont former un couple de cinéma magnifique et tragique qui aura marqué à tout jamais la mémoire de Steven Spielberg dans la vie réelle.

Il raconte avec une douceur infinie tous ces petits moments qui font l’existence, d’une claque malencontreuse au décès d’un être cher en passant par des regards qui en disent long ou encore une danse improvisée d’une poésie absolue. Puis, il y a l’image et l’envie de capturer une émotion ou un geste qui feront la différence. Le jeune Sammy (Gabriel Labelle) sait qu’il peut exprimer ce qu’il n’arrive pas à dire par le biais d’une caméra. C’est ainsi qu’une fête scolaire devient un lieu de révélations ou qu’un souvenir familial se transforme en une vérité troublante presque évidente. THE FABELMANS est un film sensible, porté tout entier par la performance magnifique de ses comédiens dont l’excellent Gabriel Labelle qui parvient à retranscrire parfaitement ce que traverse ce jeune homme plein de rêves, mais tiraillé à l’intérieur de lui.

En ce début d’année 2023, le cinéma est célébré par deux films aux antipodes : BABYLON et celui-ci donc. Deux façons de dire que cet art si universel est toujours bien vivant et qu’il reste primordial en temps de crise. Spielberg nous a encore fait rêver et pleurer. Mais cette fois, il n’a pas eu besoin de dinosaures, d’extra-terrestre ou d’aventurier cynique pour le faire.

AVIS GLOBAL : Avec simplicité et sincérité, Spielberg nous livre une magnifique lettre d’amour au cinéma doublée d’un portrait familial d’une justesse impressionnante.

NOTE :

Note : 4 sur 5.

THE FABELMANS est actuellement disponible dans les salles de cinéma.

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