La nuit du 12, l’histoire d’un meurtre irrésolu

LA NUIT DU 12 serait éventuellement à ranger dans la catégorie « film policier ». Parce qu’il mène l’enquête et qu’il tend à interroger le spectateur sur les causes du crime d’une jeune femme brûlée vive par un mystérieux individu. Sauf que le long-métrage réalisé par Dominik Moll vous assure d’entrée que cette histoire ne mène à rien puisque le meurtrier n’a pas été retrouvé. C’est l’histoire d’une enquête irrésolue, ce qui tranche avec la direction habituelle des films du genre.

Le scénario prend son temps et se penche alors sur une galerie de personnages bien imparfaits, que ce soit du côté des potentiels suspects ou les membres de la Police Judiciaire qui doivent faire avec les moyens du bord tout en devant garder le contrôle de leurs émotions. C’est ainsi qu’on suit Yohan, incarné par la révélation Bastien Bouillon, un homme froid et distant qui tente tant bien que mal d’éluder cette affaire où tous les interrogés sont tous un peu coupables. À ses côtés, Marceau, joué par le remarquable Bouli Lanners. Lui ne peut pas rester de glace devant ces jeunes gens qui mènent une vie pouvant potentiellement basculée du côté du mal. Parce que leurs actions peuvent mener au drame, ils composent avec des émotions pas toujours maîtrisées ou carrément inconscientes. C’est le cas de cette séquence d’interrogatoire dans laquelle Marceau s’énerve devant l’apathie d’un aspirant rappeur qui lui chante ses incandescentes paroles. « Tout le monde a un peu tué Clara » entend-on au cours du film. Et c’est bien là que bat le coeur de cette histoire.

Parce que LA NUIT DU 12 parle d’un monde d’hommes et situe la femme au coeur de celui-ci. Pas d’étendard féministe déplacé ici, mais un discours subtil sur l’irrégularité de ce système qui met constamment le beau sexe en danger. Yohan plonge dans cette affaire qui le dévore de l’intérieur et on

assiste parfois à de savoureuses joutes verbales avec Marceau dont le couple commence sérieusement à battre de l’aile. La dynamique entre les deux est l’une des bonnes idées du script qui ne joue jamais la carte du ténébreux polar qui semble se jouer dans un autre univers. Moll filme la réalité, la vérité et les faits. Des faits qui se forment et se déforment au gré des dires de chacun.

Il n’y a rien d’étonnant au fait que LA NUIT DU 12 ait remporté six César. C’est un film bien ancré dans son époque qui ne fait jamais d’esbroufe, se forçant à regarder le monde tel qu’il est. Porté par un casting saisissant, il devrait profiter d’un nouvel attrait auprès du public qui l’avait déjà bien plébiscité l’été dernier (509 511 entrées au total).

LA NUIT DU 12 est actuellement disponible sur MyCanal.

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