Critique de ANT-MAN ET LA GUÊPE, QUANTUMANIA

Avec son rythme de stakhanoviste, l’écurie Marvel Universe chapeautée par Kevin Feige enchaîne un quatrième projet en seulement neuf mois (après DOCTOR STRANGE 2 en mai 2022, THOR 4 en juillet 2022 puis BLACK PANTHER 2 en novembre 2022). Et encore, les séries TV ne sont pas comptabilisées. Bref, ça fait beaucoup et cette surenchère nuit davantage à l’univers partagé qui commence progressivement à lasser les spectateurs… et certains fans qui montrent de plus en plus leur agacement.

Les choses changent, les avis changent, les goûts changent. C’est ainsi et il est même inutile de lutter contre ce phénomène. On le voit avec les réactions sur ce troisième volet d’ANT-MAN : un divertissement ni bon, ni mauvais, remplissant facilement sa part du contrat sans véritablement élever le niveau. Pourtant, les avis sont globalement très sévères et particulièrement étonnants. Marvel a-t-il déjà été autre chose qu’un moment au mieux agréable, au pire suffisant ? Si on excepte deux trois poids lourds (dont IRON MAN, CAPTAIN AMERICA 1 et 2, LES GARDIENS DE LA GALAXIE, AVENGERS INFINITY WAR voire ENDGAME à la limite…), la machinerie mise en place par Kevin Feige n’a jamais atteint des sommets cinématographiques à s’en décrocher la mâchoire. Pourtant, tout semble aujourd’hui moins beau et moins sympa. Les effets même d’une lassitude…

On pourrait se dire que QUANTUMANIA n’est qu’un accident de parcours, mais hormis SHANG-CHI (très sympa) et SPIDER-MAN NO WAY HOME (qui a connu une côte démentielle grâce à son aspect nostalgique), aucun opus n’a soulevé l’enthousiasme. THOR LOVE AND THUNDER s’est même fait sacrément conspué à l’été dernier (bon, c’était quand même bien mérité). Pourtant, on pourrait se dire que c’est au moment où Marvel tente des choses qu’il se fait rembarrer : LES ETERNELS était loin d’être un film de super-héros comme les autres, DOCTOR STRANGE 2 héritait du talent de Sam Raimi derrière la caméra pour nous offrir un spectacle bizarroïde aux accents horrifiques tandis que BLACK PANTHER WAKANDA FOREVER était tout entier traversé par le deuil et la douleur, loin des standards plus légers du MCU. Pour QUANTUMANIA, on peut dire la même chose : le scénario tente le grand écart avec les précédents ANT-MAN, plongeant le sympathique super-héros incarné par Paul Rudd dans un univers assez déstabilisant. Tout en nous présentant le nouvel antagoniste phare du MCU : le terrible Kang.

Sauf que pour le coup, cette différence d’univers ne fonctionne pas correctement. Le charme des aventures de Scott Lang restait cette forme d’inconséquence et de décontraction qui contrastait avec l’action bigger than life de ses camarades. Ici, dans un monde parfois intéressant mais jamais bien exploité, il est difficile de retrouver le plaisir que l’on pouvait prendre précédemment. Trop de

personnages parasites squattent l’écran et les principaux n’ont plus grand-chose à nous offrir : l’exemple le plus frappant reste celui de la Guêpe, jouée par Evangeline Lilly, dont le parcours émotionnelle est limité au strict minimum. Tout comme celui de son père, Hank Pym, joué par Michael Douglas. Même Scott est assez malmené, malgré les efforts de Paul Rudd pour lui donner un peu de place. La machine est grippée, oui, et on mise alors sur un antagoniste de taille pour faire pencher la balance.

Kang le conquérant vient donc mettre la pagaille dans le Multivers et cela pourrait être décisif dans le futur. Pour le moment, la présence impitoyable de Jonathan Majors sauve QUANTUMANIA qui a le droit à un méchant digne de ce nom. Ambigü, effrayant dans ses intentions, visiblement sans pitié, il mène d’une main de maître une grande partie du métrage jusqu’à un dernier acte loupé qui abaisse malencontreusement sa menace. Bien sûr (et sans spoiler), on sait bien que cet antagoniste est autrement plus coriace, mais il est maladroit de lui offrir un tel dénouement ici. Voilà ce qui pourrait définir QUANTUMANIA : un opus pétri de bonnes intentions, mais qui les gâche par d’étonnantes décisions. Comme celle d’offrir sa chance à Modok, un personnage assez ridicule qui n’est que là que pour le fan-service…

AVIS GLOBAL : Ce troisième opus a des désirs de grandeur, mais ne parvient jamais à les exploiter, la faute à un script défaillant et à un univers mal exploité. Restent quelques scènes amusantes et la présence formidable de Jonathan Majors qui pourrait bien réanimer le futur du Marvel Universe.

NOTE :

Note : 2 sur 5.

ANT-MAN ET LA GUEPE, QUANTUMANIA est actuellement disponible dans les salles de cinéma.

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