1917, le tour de force de Sam Mendes

Sam Mendes, d’abord roi du film indé (AMERICAN BEAUTY, LES NOCES REBELLES), solide faiseur de film noir (le magnifique LES SENTIERS DE LA PERDITION) puis entertainer de grand talent (le grandiose SKYFALL puis l’impressionnant SPECTRE) vient désormais couronné l’ensemble de sa carrière avec 1917, un spectacle tout en immersion qui se déroule durant la première guerre mondiale. Tourné en un seul (faux) plan-séquence, le film mérite toutes les louanges.

D’abord parce que 1917 est effectivement incroyable visuellement. Aidé par la photographie du génie Roger Deakins, Mendes peut se permettre des plans d’une grande beauté, mais également mettre véritablement en scène la guerre dans sa nature la plus brute. Les décors sont ainsi reproduits avec soin, tout autant que l’ambiance générale faite de silences, de bruits lointains ou alors d’explosions sonores assourdissantes. Le principe d’immersion est proprement stupéfiant et le procédé (suivre les personnages en temps réel) s’avère franchement réussi.

Non seulement le spectacle est là, mais il y a également beaucoup d’émotion. La relation touchante qui unit nos deux protagonistes fait écho au point de vue du cinéaste sur la guerre. Celle-ci est largement pointée du doigt, donnant cette impression que Mendes a montré de front l’envers du décor pour prouver la stupidité d’un conflit armé (entre ordres contradictoires, horreurs physiques et morales). Aucune glorification, mais un constat amer sur un contexte particulier mis en évidence par certains dialogues évocateurs (et parfois trop didactiques). Le scénario resserre l’étau émotionnel au fil des minutes et se veut poignant dans son dernier acte, cri d’un coeur et d’un corps en souffrance qui ne désire que rentrer chez lui pour revoir ceux qu’il aime. Dans un élan porté par la magnifique bande-son composée par Thomas Newman, la vie reprend son cours et la guerre ne se termine toujours pas. Non, 1917 n’est pas qu’un exercice de style, c’est tout simplement un grand film.

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