L’arnaque, le coup monté de Paul Newman et Robert Redford

Quatre ans après le succès de BUTCH CASSIDY ET LE KID, le réalisateur George Roy Hill réunissait une nouvelle fois Paul Newman et Robert Redford pour L’ARNAQUE, un film malin qui subvertit tous les codes du genre avec une modernité folle.

Une arnaque inspirée par de véritables arnaqueurs

Nous sommes à Chicago, en 1936. Johnny Hooker (Redford) et son acolyte Coleman (Robert Earl Jones) volent sans le savoir le convoyeur de fonds de Doyle Lonnegan (Robert Shaw), un dangereux gangster de New York. Coleman est aussitôt abattu par le gang de ce dernier et Hooker se réfugie chez Henry Gondorff (Paul Newman), un spécialiste de l’arnaque.
Ceux-ci décident alors de venger la mort de Coleman en montant une vaste escroquerie destinée à mettre Lonnegan sur la paille. Pour cela, Hooker fait croire au gangster qu’il est capable d’obtenir les résultats des courses avant qu’ils ne soient officiellement connus.

Le scénario écrit par David S.Ward s’inspire d’une histoire vraie, celle des frères Charley et Fred Gondorf, deux arnaqueurs réputés qui passèrent à la postérité en 1914 grâce à un coup semblable à celui orchestré dans le film qui fut surnommé « le fil ». Robert Redford aide le scénariste dans la rédaction de l’intrigue, mais ne pense pas intégrer le casting. Quant à George Roy Hill, il est directement emballé par le script et décide de le réaliser. Jack Nicholson se voit proposer le personnage de Hooker, mais le comédien préfère incarne le soldat « Badass » dans le film LA DERNIERE CORVEE de Hal Ashby. Ce qui ne sera pas forcément une mauvaise chose car il remportera le Prix d’interprétation masculine au festival de Cannes. Redford prendra alors la décision d’incarner Hooker et retrouvera donc son camarade Paul Newman ainsi que l’excellent Robert Shaw dans la peau de Lonnegan. Pour l’anecdote, Shaw se foula la cheville peu avant le tournage et renonça donc au rôle. Mais ne voulant que lui, le cinéaste lui demanda de rester et la blessure fut intégrée à l’histoire.

Une reconnaissance publique et critique

L’ARNAQUE fait indéniablement partie des meilleurs films des 70s grâce à son savant mélange de comédie et de film policier, jonglant habilement avec tous les codes connus de ces deux genres. L’impact du long-métrage est considérable lors de sa sortie en 1973 (1974 en France) : il récoltera 159,6 millions

de dollars rien qu’aux Etats-Unis, soit l’équivalent de 869 millions aujourd’hui ! En France, ce sera 4 151 089 entrées qui seront enregistrées. Et ce n’est pas tout, puisqu’il sera aussi salué par la profession en obtenant pas moins de sept oscars (dont meilleur film, meilleur réalisateur, meilleur scénario original, meilleure direction artistique, meilleurs costumes, meilleur montage et meilleure musique de film). Un véritable modèle qui inspirera d’ailleurs de nombreux cinéastes par sa propension à manier avec une aisance folle un script particulièrement rigoureux : que ce soit dans sa construction narrative ou sa façon d’aborder ses personnages, L’ARNAQUE reste, près de cinquante ans après sa sortie, l’un des plus grands classiques du cinéma américain. Voire du cinéma tout court.

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