critique de GLASS ONION

En 2019, À COUTEAUX TIRÉS fut le succès surprise au box-office avec un genre pourtant largement éculé : le whodunit, une sorte de cluedo malicieux où on prend plaisir à se questionner sur l’identité du meurtrier. Rian Johnson, toujours prompt à dynamiter les genres (ou sagas) qu’il aborde, avait réussi à renouveler un peu ce genre très codifié à l’aide d’un scénario malin et bien pensé. GLASS ONION entend poursuivre dans cette voie en ramenant donc l’excellent Benoît Blanc toujours incarné avec beaucoup de plaisir par Daniel Craig.

Direction la Grèce cette fois avec une réunion entre amis organisée par un certain Miles Bron, propriétaire de l’entreprise de tech Alpha Industries. Il organise alors une Murder Party mettant en scène son propre meurtre : les invités sont chargés de le résoudre et de découvrir l’assassin, à l’aide d’indices disséminés sur l’île. Et là, c’est le début du chaos. Autre décor, autres personnages, autre histoire, GLASS ONION ne rejoue jamais la recette du précédent film. Et c’est bien là une première qualité qu’il faut souligner tant la tentation de répéter une formule qui a fait mouche est grande. Le cinéaste ne se laisse pas influencer par son propre modèle et livre un film énervé sur le capitalisme avec ces drôles de personnages tous prêts à profiter de l’influence de leur hôte quitte à mentir de manière éhontée pour le protéger (et se protéger eux-mêmes par la même occasion).

C’est peut-être là qu’on retrouve un certain fil rouge réunissant les deux films : cette façon qu’a Johnson d’aborder la société (et les riches en particulier) par le biais d’une enquête policière finalement (presque) secondaire. Nous, spectateurs, sommes dans la peau de Benoît Blanc en observant tout ce beau monde qui joue un rôle pour se cacher la vérité. Ici, leur appétence pour l’argent et la gloire mettent au second plan leur propre culpabilité. Sans trop en dévoiler, disons que le scénario nous réserve quelques

surprises concernant ses protagonistes, certains gagnant une profondeur inattendue au détour d’une scène ou d’une ligne de dialogue. Rian Johnson parvient constamment à trouver les bons mots aux bons moments et prend même des risques à mi-parcours pour changer la vision que l’on avait du film depuis le début.

Malgré toutes ses qualités, GLASS ONION tourne un peu en rond sur 2h20 et allonge considérablement certaines scènes qui auraient mérité une bonne coupe au montage. On a un peu l’impression que c’est le fléau des production actuelles qui semblent incapables de resserrer leurs enjeux pour offrir une meilleure dynamique à leur histoire. On retrouve régulièrement cette durée excessive qui joue, la plupart du temps, contre le métrage en question. De plus, le troisième acte paraît assez faiblard ici, tant la résolution (pas forcément surprenante) n’est pas à la hauteur de ce qui a été mis en place précédemment. Des défauts qui n’entachent pas le plaisir que l’on prend devant cette nouvelle enquête qui installe un peu plus Benoît Blanc et ses improbables tenues dans la catégorie des meilleurs détectives. Et c’est déjà beaucoup !

AVIS GLOBAL : Rian Johnson revient à la charge pour une seconde enquête bien menée, portée par un solide casting qui campe une galerie de personnages savoureuse. Même si le métrage aurait mérité un meilleur épilogue et quelques coupes au montage, difficile de bouder son plaisir devant les observations pertinentes de l’inclassable Benoît Blanc.

NOTE :

Note : 3 sur 5.

GLASS ONION est actuellement disponible sur Netflix.

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