Joker, un grand personnage pour un film intimiste

Un projet tellement fantasmé qui a secoué la planète cinéma il y a trois ans déjà. Puis tout s’est rapidement emballé, de la bande-annonce hypnotique qui annonçait un film sombre et triste, jusqu’aux critiques dithyrambiques venant de partout jusqu’à la récompense suprême au festival de Venise (Lion d’Or). Puis les oscars et le prix de la meilleure interprétation bien mérité pour Joaquin Phoenix. JOKER est un film d’auteur dominé par une rage intense qui refuse le spectaculaire pour nous offrir une plongée saisissante dans la tête de son personnage principal.

Un personnage à explorer

Redéfinir l’antagoniste le plus célèbre des comics DC n’était pas tâche aisée. Ni pour le réalisateur Todd Philipps ni pour son interprète aussi génial soit-il. Oui, porter le joker à l’écran c’est devoir approcher l’acteur parfait, celui qui incarnera la folie, la souffrance, la peur. Celui qui pourra nous filer les frissons avec son rire de psychopathe. JOKER doit énormément à Joaquin Phoenix qui parvient miraculeusement à montrer une nouvelle facette d’un personnage que l’on pensait connaître sur le bout des doigts. Inutile ici de comparer avec ses prédécesseurs tant les différences sont nombreuses. Phoenix est avant tout Arthur Fleck, un homme malheureux aux problèmes psychologiques nombreux et hanté par un passé dont il ne se rappelle rien. La violence fait partie de son quotidien et c’est bien ce que veut montrer la première séquence saisissante du film : sourire devant le miroir de la société, celle qui le frappera un instant après, personnifiée par des jeunes qui finiront par l’humilier. Reste que l’acteur est absolument prodigieux et nous offre une prestation qui restera longtemps dans les mémoires.

JOKER est un film qu’il faut vivre, qui se sent avec les tripes et qui multiplie les points de vues ainsi que les

thématiques très pertinentes (l’individu face à la société, la colère qui peut mener à la haine puis au point de non-retour, les conséquences des actes de chacun, le milieu du spectacle). Parfois, on se perd dans la psyché du personnage qui flirte avec ses maux et l’invention de son esprit. Il n’est pas exagéré de dire qu’on a rarement vu un film comme JOKER qui ne se rapproche d’aucun genre et qui se voit comme un trip saisissant dans un esprit malade, porté par une violence soudaine qui se déclenche dans quelques séquences hallucinantes. On ressent cette tension palpable dans chaque plan, cette inéluctabilité qui fait d’Arthur un être radical, mais aussi compréhensible.

Un succès phénoménal

Contrepoint total au spectaculaire du MARVEL UNIVERSE, JOKER fut un incroyable carton, porté par un bouche à oreille assez monstrueux. Avec un budget de 50 millions de dollars, il en rapporta 1,073 milliard et devint le film le plus rentable de l’année. Un succès amplement mérité, mais aussi un rappel à Hollywood qu’il n’y a pas besoin d’exploser les budgets pour offrir un film de genre à des spectateurs avides d’univers super-héroïques. L’aventure ne s’arrêtera pas là car la suite, JOKER FOLIE À DEUX, est actuellement en cours de tournage et sortira en 2024.

JOKER est désormais disponible sur Netflix.

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