L’équipée sauvage, un film rebelle et intemporel

C’est le film d’une icône qu’il n’était pas encore à l’époque. C’est le film d’un réalisateur oublié mais au style percutant s’intéressant à la jeunesse rebelle et oubliée de la société. Après avoir révélé Yul Brynner dans BRIGADE DE STUPEFIANTS en 1948, Laszlo Benedek met en avant ce futur grand : Marlon Brando.

Brando, le commencement

S’ouvrant sur la rutilance des motos et dans cette petite ville qui craint plus que tout ces jeunes, Benedek étouffe la peur par le bruit, saturant le son pour mieux exprimer la colère. Et cette voix de Brando qui dit « pour moi tout a

commencé sur cette route…« , une manière poétique de résumer un film assez extraordinaire dans sa construction et, finalement, incroyablement moderne. La jeunesse désabusée, la moto pour se montrer, se rendre important aux yeux des autres. Il y a cette rupture de transmission générationnelle et spirituelle entre les adultes et les jeunes. C’est ce que raconte, dans le fond, L’EQUIPEE SAUVAGE.

Car il y a aussi cette histoire d’amour entre Brando et la serveuse, ce sauvetage qu’il opère d’une bande rivale. Elle résonne comme un Roméo et Juliette retravaillée, une histoire d’amour impossible entre deux conceptions qui les séparent. Il y a cette grande séquence où il l’emmène faire un tour à bord de sa moto. Le sentiment de liberté, cette parenthèse pratiquement enchantée, ce désir de vivre loin des règles.

Un vent de liberté et de rébellion

La résonance sociale est incroyablement forte et Bendek assume totalement son point de vue. Le film a eu un impact incroyable sur la société américaine car, en 1953, il défie toutes les lois de la bienséance. Il montre des actes rebelles et met en avant une certaine idée du libéralisme. Il légitimiste l’image des rebelles motards et, par conséquence, des groupes marginaux. Et révèle donc un leader, Marlon Brando, qui devient une figure absolue du rebelle et donne à ce dernier un prestige au sentiment accru de liberté.

Il faut savoir que le contexte puritain de l’époque d’après-guerre est particulier. Celui-ci est représenté par ces petites villes qui détestent les jeunes. Echo à des spectateurs médusés à la sortie du film. Il y a ces anciens sages et cette jeunesse qui veut vivre. Une incompréhension qui se creusera durant des années avec des pères incapables de transmettre une aura sentimentale à des adolescents coincés entre l’âpres-guerre et la libération à venir. L’EQUIPEE SAUVAGE brille par son incroyable intemporalité, même visuelle. Dennis Hopper se rappellera de ce film au moment de réaliser ce chef d’oeuvre qu’est EASY RIDER.

L’EQUIPEE SAUVAGE est finalement le manifeste d’une Amérique en pleine mutation, n’édulcorant pas la violence pour asséner son propos. C’est un film qui prend aux tripes. C’est un monument indispensable.

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