Big Fish, une histoire de deuil et d’espoir

Après l’énorme production LA PLANETE DES SINGES, Tim Burton est éreinté. Il prend un peu de repos et se demande quel projet aborder après. Revenir à une histoire plus intimiste et moins grandiose est déjà une priorité.

Retour à un cinéma plus humain

Comme avec EDWARD AUX MAINS D’ARGENT qui a suivi BATMAN, le cinéaste va enchaîner avec un film d’une douceur infinie : BIG FISH. Parfois, tout n’est qu’affaire de circonstances. John August, scénariste du remake de CHARLIE ET SES DROLES DE DAMES, lit un roman intitulé BIG FISH : A NOVEL OF MYTHIC PROPORTIONS. Ce dernier n’est pas encore publié, mais l’histoire touche profondément August qui vient de perdre son père. L’adaptation est lancée et, rapidement, un cinéaste de renom est attaché au projet : Steven Spielberg. Il boucle d’abord MINORITY REPORT et prévoit ensuite de s’atteler à cette adaptation. À l’instar de nombreuses autres productions qui devaient être initialement réalisées par Spielberg, celle de

BIG FISH devra regarder ailleurs après que le cinéaste décide finalement de se tourner vers ARRETE MOI SI TU PEUX. Tandis que le scénario est remanié en interne par John August, Tim Burton est approché. Lui aussi a traversé des épreuves familiales difficiles en perdant son père puis sa mère à quelques mois d’intervalle. Il révélera plus tard : « Ce qui m’a frappé dans le scénario de BIG FISH, c’est l’équilibre entre l’ampleur épique des contes et l’histoire plus simple et intimiste de cette famille. J’ai aimé ce mélange, ces moments purement imaginaires qui s’unissent à une situation tristement banale, la perte d’un être cher. La difficulté pour moi était de maintenir cet équilibre lors de la visualisation de l’histoire. ».

L’émotion comme guide du récit

Et c’est ainsi que BIG FISH peut réellement s’envoler dans d’intenses intentions émotionnelles. Choisi pour incarner le rôle principal, Ewan McGregor se connecte, lui aussi, à l’universalité du récit. « J’ai tout de suite senti un lien personnel avec le scénario.Quand je l’ai lu pour la première fois, j’ai été ému par cette relation entre un père et son fils… Cela m’a rappelé quand j’ai quitté l’Ecosse – c’est toujours quelque chose pour un Ecossais ! Je suis allé à Londres apprendre le métier de comédien, mais ce que je voulais en réalité, c’était

voir le monde. Cela ressemble à ce qu’à fait Edward. Souvent, il faut quitter l’univers familier pour avoir une chance de découvrir qui l’on est vraiment. ». Danny Elfman retrouve une fois de plus Burton pour livrer une composition mémorable qui figure parmi les plus belles de sa carrière. BIG FISH représente presque le film de la maturité pour Burton, le genre d’oeuvre charnière qui marque durablement les esprits. Baigné dans une folie douce, le long-métrage parle à tous, entre féérie décalée et rapport au monde complexe. Dans cette ambiance faussement candide, McGregor livre une prestation de premier plan tout comme Albert Finney qui incarne le même personnage plus vieux.

Le film sort en janvier 2004 aux Etats-Unis et rapportera 66 millions de dollars. Mondialement, il atteindra les 122 millions, ce qui ne permettra pas au studio d’obtenir des bénéfices puisque le budget atteint les 70 millions. Qu’importe, Burton vient de signer l’un de ses derniers grands films pour ensuite entamer un cycle moins convaincant et plus conventionnel qui déroutera parfois ses fans…

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