La cité de la joie, l’oeuvre humaniste de Roland Joffé

Trois ans après LES MAITRES DE L’OMBRE, Roland Joffé revenait derrière la caméra pour l’adaptation du roman LA CITE DE LA JOIE écrit par Dominique Lapierre et publié en 1985. Cet ouvrage bouleversant fut un immense succès dans les librairies lors de sa sortie.

Un drame humain

Après des heures de lutte, Max Lowe (Patrick Swayze), un jeune et riche chirurgien de l’hôpital de Houston, doit se rendre à l’évidence : la petite fille qu’il vient d’opérer est morte. Profondément ébranlé dans son optimisme médical, Max range ses scalpels et décide de tout quitter. A Calcutta, où il débarque

en toute innocence, il commence par ressentir douloureusement le décalage entre son opulence et la misère omniprésente. Une bande de truands règle son cas de conscience à sa façon. Dépouillé et blessé, Max est sauvé par Hazari (Om Puri), un paysan bengali que la famine a chassé en ville. Ensemble, les deux hommes découvrent le dispensaire tenu par Joan Bethel (Pauline Collins), une Anglaise… En se penchant sur cette histoire, Joffé reprend certains thèmes de sa filmographie et met en relief le parcours d’un homme retrouvant foi en la vie (un peu comme le personnage de Robert de Niro dans MISSION). C’est lors d’un voyage en Inde que le cinéaste s’éprend du peuple hindou. Il est ému du terrible sort réservés aux habitants des bidonvilles qui doivent survivre dans la misère la plus totale. Au même moment, le roman de Lapierre est un véritable raz-de-marée. Joffé va le lire, l’adorer et l’adapter.

Un sujet difficile

Avec son sujet ô combien épineux, LA CITE DE LA JOIE doit éviter de tomber dans le pathos et le misérabilisme pour justement extraire une forme d’humanité plus pertinente. Le récit en lui-même est déjà parsemé d’embûches et enchaînent des situations s’exposant à une forme d’impunité problématique. Mais le cinéaste est un habitué. Déjà sur LA DECHIRURE, il était parvenu à traiter d’un sujet explosif sur le conflit vietnamien. Tourné sur place, LA CITE DE LA JOIE plonge dans un monde où vivre est déjà une victoire. Avec des caméras placées en retrait et cachées la plupart du temps, le

réalisateur souhait offrir une véracité à son récit en y insérant l’une des vedettes les plus en vues de l’époque : Patrick Swayze. Humble, ce dernier hésite à jouer dans le film à cause d’un élément qui, pour lui, nuirait au projet : la vision que le public a de lui. Après quelques discussions avec Joffé, Swayze décide d’embarque pour le voyage dans ce qui restera l’un des plus beaux rôles de sa carrière.

Malheureusement, LA CITE DE LA JOIE va essuyer de nombreuses critiques de la part de la presse. Le public, lui, ne suivra pas avec des recettes s’élevant à peine à 14 millions de dollars (pour 22 millions de budget). Avec un tel sujet, il est vrai que le cinéaste nous offre un film un peu trop propre pour totalement convaincre, mais il réussit pourtant à réellement nous toucher grâce aux émotions simples qu’il transmet. Sans doute a-t-il voulu faire  » trop bien  » pour marquer les esprits et permettre au monde de voir cette misère invisible. En cela, l’objectif est réussi.

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