L’épouvantail, une histoire d’amitié entre Al Pacino et Gene Hackman

En 1973, Al Pacino vient d’enchaîner trois film de haute volée : PANIQUE A NEEDLE PARK, LE PARRAIN et SERPICO. Hollywood le connaît désormais et tout le monde sait que c’est un acteur qui compte et qui comptera dans l’avenir. Gene Hackman, lui, s’est révélé aux yeux du grand public avec FRENCH CONNECTION puis dans la superproduction L’AVENTURE DU POSEIDON. La réunion de ces deux promesses se fait par le biais de L’EPOUVANTAIL, un film réalisé par Jerry Schatzberg.

L’histoire de deux vagabonds

Le cinéaste retrouve donc Pacino après l’avoir dirigé dans PANIQUE A NEEDLE PARK. On suit ici Max (Gene Hackman) et Francis Lionel, dit Lion (Al Pacino), qui se rencontrent et se lient d’amitié sur la route, alors qu’ils voyagent en auto-stop. Le premier est un grand gaillard bagarreur et légèrement monomaniaque : sortant de prison, il veut créer une entreprise de lavage de voitures. Le second est petit et se sort des situations embarrassantes, voire dangereuses, en provoquant le rire. Ces deux vagabonds voyagent, chacun avec son but : Max veut aller chercher son argent pour l’investir dans l’entreprise rêvée, et Lion veut revoir son ex-amie et son enfant qu’il ne connaît pas.

Un film bien ancré dans son époque

Dans L’EPOUVANTAIL, le cinéaste dépeint les désillusions des années 70 à travers deux laissés-pour-compte de l’american way of life dans un road movie d’Ouest en Est. Un détail qui compte car l’intention ici est d’inverser l’Eldorado Américain, conduisant alors ses protagonistes vers un destin tragique. Avec

ses couleurs désaturées et des compositions acérées, le film est d’un réalisme saisissant. Ce que Vilmos Zsigmond, le célèbre directeur de la photographie qui s’occupait du film, a confirmé dans une interview. « Quand on regarde L’EPOUVANTAIL plan par plan, on a l’impression d’être dans la vraie vie. Il ne fallait rien enjoliver, surtout en ce qui concerne la couleur. On flashait environ 10 % pour obtenir cet effet, cela suffisait. À l’époque, la mode était aux couleurs vives. ». Un parti pris qui donne au film une forme de vérité d’époque, l’instantané d’une décennie en proie au spectre de la fatalité.

On pourrait presque considérer ce film comme la continuation thématique de PANIQUE A NEEDLE PARK. Souvent peu cité dans les références du road movie, L’EPOUVANTAIL en est pourtant le parfait étendard. Il y a une émotion particulière qui ressort de cette oeuvre magistralement incarnée par son duo d’acteurs. Même si le succès au box-office fut modeste, il recevra la Palme d’Or au festival de Cannes 1973.

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