Cent Dollars pour un Shérif, le western épique d’Henry Hathaway

Adapté du roman TRUE GRIT écrit par Charles Portis, CENT DOLLARS POUR UN SHERIF est également l’avant dernier western d’Henry Hathaway, un cinéaste de studio clairement identifié et grand amateur de films d’action. Réputé tyrannique sur un plateau, Hathaway est aussi un homme du passé, celui d’un certain classicisme hollywoodien en voie de disparition.

La jeune mais déterminée Mattie Ross (Kim Darby) travaille comme comptable dans le ranch de son père (John Pickard). Celui-ci décide de partir acheter des poneys mustang à Fort Smith. Il est assassiné par son contremaître Tom Chaney à la sortie d’un saloon. Mattie Ross entreprend alors de venger son père et engage à cette fin Rooster Cogburn (John Wayne), un marshal fédéral borgne aux manières désinvoltes et expéditives, qui pourra s’introduire dans la réserve indienne où l’assassin a trouvé refuge. Le producteur Hal B.Wallis s’est battu pour obtenir les droits du roman, déboursant la modique somme de 350 000 dollars ! Cet « ancien » du système cherche un nouveau public plus jeune, tout en gardant un pied dans le monde qu’il défend. Il réserve même une place de choix pour l’idole des jeunes adultes, Elvis Presley, mais le fameux « Colonel » Tom Parker demandera un cachet trop élevé pour son poulain.

Un fait qui ravira Hathaway, peu enclin à laisser sa chance à une jeunesse capable de détrôner les vieux briscards. Il pourra se satisfaire d’un fait qui deviendra historique : c’est lui qui offrira indirectement l’unique oscar du meilleur acteur à John Wayne, 62 ans, jamais primé par l’Académie auparavant. Une

récompense qui vient, en quelque sorte, mettre un point fin au vieil Hollywood qui va se voir bousculer la même année avec EASY RIDER. Acteur longtemps sous-estimé, vestige d’une certaine vision de l’Amérique, le Duke aurait largement mérité d’autres récompenses tout au long de sa carrière. Son rôle d’éternel cow-boy a longtemps jeté un voile d’ombre sur la subtilité de son jeu. Dans CENT DOLLARS POUR UN SHERIF, il se régale avec un véritable rôle de composition qui joue (un peu) sur son image. Il se laisse aller comme jamais auparavant, s’autorisant une liberté peu permise par les cinéastes avec lesquels il a tournés de nombreuses fois (comme John Ford qui préférait la sobriété…).

Le film fut un carton et Wayne retrouvera son rôle six ans plus tard dans le moins réussi UNE BIBLE ET UN FUSIL dans lequel il partagera l’affiche avec la grande Katharine Hepburn.

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