Alors que BATMAN cartonne dans les salles du monde entier en 1989, Tim Burton a déjà les yeux rivés sur son futur. Pas forcément satisfait à 100 % de son film sur le justicier de Gotham et épuisé par l’implacable marketing hollywoodien, le cinéaste veut revenir à une oeuvre plus intime, plus personnelle. Pour cela, il revient sur l’un de ses dessins réalisés durant son adolescence.
L’histoire d’une vision
Ce dessin représentait un homme avec des ciseaux à la place des mains. Il résulte des problèmes de communication ainsi que du sentiment de solitude ressenti par Burton. À l’époque, il habitait la banlieue
résidentielle de Burbank, une petite ville sympathique en apparence qui cachait, pour le futur cinéaste, d’autres caractéristiques plus sombres, moins joyeuses. L’écriture d’EDWARD AUX MAINS D’ARGENT débute déjà lors de la pré-production de BEETLEJUICE , entamée par la romancière Caroline Thompson sur l’idée de base de Burton. Ce dernier veut développer le projet avec la Warner Bros qui a produit ses trois films, mais le studio n’est absolument pas emballé par cette histoire. Les dirigeants trouvent ce projet trop désespéré, encourageant plutôt Burton à développer une suite à BATMAN. Préférant retarder cette dernière, il se met alors en quête d’un autre studio et trouvera refuge chez la FOX.
Pas mécontente de récupérer l’un des jeunes cinéastes les plus en vus du moment, la firme lui laisse tout le contrôle créatif de son film. Déjà rassurés par les chiffres au box-office de BEETLEJUICE, ils vont être complètement confirmés dans leur démarche avec l’énorme carton de BATMAN. Une belle enveloppe de 20 millions de dollars lui est allouée. Pas mal, mais à ce prix là, le studio veut au moins une star pour le rôle principal. Et pas n’importe laquelle : Tom Cruise qui enchaîne les succès avec TOP GUN, COCKTAIL et RAIN MAN. Echangeant longuement avec ce dernier, Burton explique finalement à ses patrons que Cruise n’est pas l’acteur idéal pour incarner Edward. Son désir de modifier le caractère du personnage et sa volonté d’un « happy end » refroidissent le cinéaste. Après plusieurs autres noms évoqués, un certain Johnny Depp vient pointer le bout de son nez. Celui qui cartonne à la télévision avec la série 21 JUMP STREET veut casser son image et pleure à la lecture du script. Son envie de jouer dans le film est tellement débordante qu’il parvient à obtenir une entrevue avec Burton. Si celle-ci se passe bien, l’acteur se fait peu d’illusions : il y a trop de concurrence et des noms bien plus connus que lui…
Le début d’une longue collaboration
Les jours s’écoulent et le cinéaste repense au regard de ce jeune acteur. Sachant que les émotions passeraient davantage par les yeux que la parole, Burton décide finalement de choisir Johnny Depp pour jouer Edward. La FOX est hésitante, mais la popularité du comédien auprès des adolescents les rassurent assez. Voyant là l’occasion de passer à un niveau supérieur, Depp va visionner de nombreux films muets afin de s’imprégner du jeu d’époque, très physique. Ce sera finalement la première collaboration d’une longue série à venir… Pour le rôle de Kim, Burton n’hésite pas longtemps et demande à Winona Ryder de le rejoindre suite à leur très bonne entente professionnelle sur BEETLEJUICE. Lorsque le tournage débute, la confiance règne et le cinéaste retrouve le genre d’ambiance auquel il est attaché, loin du tumulte ambiant de BATMAN.
Au moment de la sortie, les projections tests sont très bonnes. La FOX est rassurée (même si le costume d’Edward est jugé trop effrayant) et le film sort dans les salles le 7 décembre 1990 pour une exploitation (et la semaine suivante à l’échelle nationale). Encore une fois, l’effet Tim Burton va faire mouche avec EDWARD AUX MAINS D’ARGENT : les critiques sont positives et le film récoltera 86 millions de dollars de recettes mondiales, soit quatre fois sa mise de départ. Il peut désormais repartir en toute sérénité vers les bas-fonds de Gotham…
