La passion du Christ, le film de toutes les controverses pour Mel Gibson

Neuf ans après BRAVEHEART, Mel Gibson revient à la réalisation après avoir enchaîné les succès en tant qu’acteur durant cette décennie. Toutefois, il propose un projet totalement fou et suicidaire : retracer les douze dernières heures du Christ dans une oeuvre ambitieuse et violente, tournée en araméen et latin.

Un projet de longue date

Pendant douze ans, LA PASSION DU CHRIST a tourné dans la tête de Mel Gibson. En pleine crise spirituelle dans les 90s, l’acteur – réalisateur se questionnait sur sa foi et le sens de la vie en général. Pas encore de

controverses à ce stade, ni de polémiques. Ce projet mûri et s’inspire alors de la Bible et notamment des évangiles selon Saint-Matthieu, Saint-Marc, Saint-Luc et Saint-Jean. Lors de son annonce, la presse est sous le choc et terriblement impatiente : comment ne pas attendre le nouveau film du réalisateur de BRAVEHEART qui plus est avec un tel sujet ? Soudainement, des premières offensives commencent à se constituer, un phénomène tout à fait normal quand on commence à évoquer la religion. Les catholiques ne voient pas d’un très bon oeil l’arrivée de ce film, certains grands mouvements commençant à se former afin de lutter contre cette future production qui nuirait à la sacro-sainte Bible. Toutefois, l’incendie n’est pas encore déclarer et Gibson peut travailler dans une relative sérénité.

Un tournage éprouvant

Le tournage est placé sous le signe du respect et de la religion. Ainsi, en tant que fervent catholique, Mel Gibson demande à un prêtre français, le Père Charles-Roux, d’organiser une messe quotidienne aux abords du plateau dans une chapelle aménagée dans l’un des ateliers des studios. Jim Caviezel, de son côté, se glisse dans la peau du Christ avec une intense rigourosité. Très pieux, le comédien priait durant de longues minutes entre les prises, ayant lui-même beaucoup de mal à sortir de ce film dont les prises de vues s’étalent sur plusieurs mois. Elles ne seront pas de tout repos pour Caviezel qui doit porter une croix de 75 kilos durant de longues heures. Il se déboite notamment l’épaule lors d’une scène qui sera finalement conservée dans le montage final ! Les difficultés se sont d’ailleurs enchaînées pour lui : il fut accidentellement fouetté durant la scène de flagellation (ce qui lui laissera une cicatrice dans le dos), il a également été frappé par un éclair lors du tournage du Sermon sur la Montagne, puis victime d’hypothermie durant les scènes de crucifixion, tournées en hiver. Sans compter les nombreuses écorchures et coupures, conséquences des scènes de tortures dont fut victime Jésus.

Succès et polémiques

LA PASSION DU CHRIST n’est pas un film comme les autres. Depuis le départ, l’engouement qui tourne autour va définitivement s’enflammer lors de sa sortie en 2004. Mel Gibson s’exprima, comme conscient de la déferlante à venir. « Mon intention avec ce film était de créer une oeuvre d’art et de stimuler le débat et la réflexion parmi des publics d’horizons différents. Mon espoir ultime est que le message de courage et de sacrifice véhiculé par cette histoire inspire la tolérance, l’amour et le pardon. Des valeurs dont nous avons désespérément besoin de nos jours. L’un des grands espoirs que je place dans ce film est que quand les

spectateurs quitteront la salle, ils voudront poser plus de questions. ». Les critiques se déchaînent, même si certaines louent le brio de Gibson pour la mise en scène. Taxée d’antisémitisme, la vision du cinéaste est rapidement égratignée tandis que sa complaisance envers la violence s’avère finalement malaisante. De manière presque obscène, la promotion du film joue clairement cette carte du sensationnalisme avec divers témoignages de spectateurs relatant l’extrême brutalité de l’ensemble. Ainsi, le cardinal Panafieu, archevêque de Marseille, se montrera acerbe envers LA PASSION DU CHRIST. « Un film récent relate la Passion de Jésus en une mise en scène hollywoodienne. La violence dégouline à flots et les paparazzi poursuivent Jésus avec indécence sur le chemin du Calvaire, pour saisir en de gros plans insoutenables le visage tuméfié du crucifié et le regard haineux des juifs de Jérusalem… Des scènes de torture d’une violence inouïe… du sang à la une !« . Inquiet concernant les relations entre les Catholiques et les Juifs, Monseigneur Francis Deniau montera également au créneau… avant même d’avoir vu le film. « En aucun cas, les polémiques qui peuvent accompagner la production du film ne peuvent et ne doivent altérer les relations de fraternité retrouvées entre catholiques et juifs. Au contraire, plus que jamais nous voulons aborder ensemble les défis sociaux de ce monde, et le dialogue sur ce que les uns et les autres recevons de Dieu. » De nombreuses autres déclarations seront émises et contribueront, malgré elles, au carton du film.

L’engouement est sans précédant : LA PASSION DU CHRIST récolte 83 millions de dollars lors de son premier week-end et totalisera 611,3 millions de dollars de recettes mondiales ! Les débats s’accumulent et jouent en faveur de Gibson qui aura tout de même bien du mal, par la suite, à s’en relever. Le carton du film lui permettra tout de même de tourner un autre projet hyper ambitieux : l’immense APOCALYPTO.

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