La rivière, Mel Gibson et Sissy Spacek dans la tourmente

Voilà peut-être un film qui ne possède une place prépondérante dans la riche carrière de Mel Gibson. Le long-métrage réalisé par Mark Rydell (auréolé de son succès avec LA MAISON DU LAC) n’aura jamais la chance d’être bien réévaluée, sans doute parce que son propos parle principalement aux américains. Pourtant, à y regarder de plus près, LA RIVIERE reste une oeuvre universelle qui s’ouvre sur les difficultés à affronter les problèmes de l’existence.

Une volonté de fer

Mae (Sissy Spacek) et Tom Garvey (Mel Gibson) – jeune couple d’agriculteurs – sont confrontés, comme nombre de leurs collègues, aux difficultés de survie des fermes familiales indépendantes. C’est l’affrontement avec les autorités locales qui voudraient racheter les terres, par l’intermédiaire de Joe Wade (ancien ami de Mae, incarné par Scott Glenn) ; de plus, les fermiers subissent des inondations catastrophiques. Pour gagner un peu d’argent, Tom accepte un travail au loin, en usine… On peut dire que Mel Gibson a tout fait pour obtenir ce rôle. En effet, il a supplié le cinéaste de le laisser interpréter le ce rôle de fermier qui ressemblait fortement à son père. Rydell n’était pas forcément favorable à cette idée, Gibson possédant un accent australien incompatible avec le personnage. Alors qu’il était sur le point de partir tourner LE BOUNTY, Gibson retourne voir le réalisateur et commence à parler dans un accent parfait du Tennessee. Impressionné, Rydell réalise des essais avec Sissy Spacek et se rend compte que l’alchimie est parfaite entre les deux.

Un film ambitieux et oublié

Une grande partie du film a été tourné dans le comté de Hawkins. Le studio UNIVERSAL acheta 440 ares de terres pour les transformer en fermes en activité. La préparation dura seulement quatre semaines tandis qu’une véritable rivière fut utilisée, celle-ci étant régulée pour les scènes d’inondation. Après le

triomphe public et critique de LA MAISON DU LAC, Mark Rydell a pu profiter d’une plus grande liberté avec les moyens qui vont avec, les dirigeants de UNIVERSAL PICTURES ne refusant rien à celui qui les avait enrichis. Il déclara à l’époque. « LA RIVIERE est un hommage à une Amérique en voie de disparition, celle de la famille paysanne indépendante. La famille Garvey représente le mode de vie qui a fait fonctionner l’Amérique : continuité des générations, transmission des traditions, de connaissance et de savoir-faire, de père en fils et de mère en fille. C’est un mode de vie dans lequel chaque membre de la famille est unique et nécessaire à la survie de tous. ».

Sorti en 1985, LA RIVIERE fut nommé dans cinq catégories aux Oscars (meilleure actrice, meilleur son, meilleure bande originale, meilleur montage sonore, meilleure photographie) et en remporta un (celui du meilleur montage sonore). Malheureusement, ce fut un échec public, avec seulement 11 millions de dollars de recettes. Des années plus tard, Mel Gibson regrettera son interprétation la trouvant tellement bornée et têtue qu’elle a fait perdre tout attachement au personnage de la part des spectateurs. Un point de vue défendable, mais qu’on est en droit de ne pas partager, tant le comédien forme un très beau couple à l’écran avec l’excellente Sissy Spacek.

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