Il faut sauver le soldat Ryan, plongée en pleine guerre pour Spielberg

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L’énième chef d’oeuvre du maître Steven Spielberg sortie il y a maintenant vingt-quatre ans reste toujours un moment de pure cinéma, l’image d’un prodige de la mise en scène, maniant tout avec une dextérité qui frise l’insolence. IL FAUT SAUVER LE SOLDAT RYAN est sombre, violent, sans concession mais terriblement émouvant dans son message solidaire et universel.

Une ouverture grandiose

Tout s’ouvre d’ailleurs par la vision du soldat Ryan, vieux, qui se rend sur une tombe, probablement celle de Miller, incarné par Tom Hanks. En une scène (qui clôture également le film) tout est dit : la reconnaissance pour un homme qui a donné sa vie pour la sienne. Mourir pour son frère soldat. A priori banale, cette séquence est d’une justesse saisissante. Comme toujours chez Spielby, il y a ce sous-texte, cette analyse que personne ne voit. Car il sait faire passer celle-ci sous le signe du grand spectacle et de la démesure, nous enchantant, nous divertissant. Mais au final, que ce soit E.T, JURASSIC PARK ou LES DENTS DE LA MER, il y a toujours son sentimentalisme et sa personnalité qui ressortent. Sa passion pour la guerre l’a amené à réaliser 1941, probablement son moins bon projet. Mais en 1979, peut-être lui manquait-il la maturité nécessaire pour raconter cela sérieusement. Il faudra attendre 1987 et son EMPIRE DU SOLEIL, sommet de lyrisme pour réussir son premier long sur la guerre. Puis suivra LA LISTE DE SCHINDLER, chef d’oeuvre absolu sur l’holocauste et les camps de concentration.

Devenu plus grave dans son approche, il n’hésitera pas à aller au bout de ces idées. En cela, IL FAUT SAUVER LE SOLDAT RYAN est un monstre de cinéma, se permettant tous les excès à base de scènes d’action horribles et impressionnantes mais également de

tirades sur les regrets de ces soldats emmenés aux portes de l’enfer. Ces dernières nous sont même carrément ouvertes lors de la séquence que l’on ne présente plus, celle du débarquement sur les plages de Normandie. Affolante de maîtrise, sidérante techniquement, traumatisante pour les nerfs, elle restera comme l’une des plus grandes de l’Histoire du 7ème art. Pas storyboardé, filmé à l’instinct sur le plateau, Spielberg démontre qu’il est un génie absolu, capable de capter une ambiance par la seule force de sa caméra.

Un patriotisme abîmé

Il fait ensuite ressortir les grands acteurs sous les personnages, amenant alors ses 2h40 de bobine vers une odyssée grandiose, terriblement sombre mais gardant toujours cette lueur d’émerveillement. Il y a indiscutablement de l’admiration pour ces hommes chez le cinéaste, respirant un patriotisme obsolète dans une époque où faire la guerre devient une notion floue . Emmené par un Tom Hanks terrassant, la bande de soldats ne vit que pour sauver l’autre, entrant dés lors dans une phase secondaire de l’état humain. La désolation, la croyance, le désespoir sont les seules notions qui leur restent. Et celles qui pourraient définir ce film multi-oscarisé et surtout inoubliable.

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