Sam je suis Sam, la performance XXL de Sean Penn

En 2002 sort l’exemple même du film qui se déchire entre le sérieux parfois austère du journaliste érudit et le ressenti global du grand public, parfois plus enclin à laisser vagabonder ses émotions. SAM JE SUIS SAM, réalisé par Jessie Nelson, cache toutes les cases du mélo produit pour faire pleurer dans les chaumières. Mais c’est aussi une vraie belle histoire, incarnée avec force par un Sean Penn de haut niveau.

Un sujet difficile

A la naissance de la petite Lucy (les soeurs Elle et Dakota Fanning l’incarnent tour à tour), sa mère la rejette et s’enfuit, laissant l’enfant grandir avec son père Sam Dawson (Penn), un modeste employé de café déficient mentalement. Pour ce dernier, rien au monde ne compte plus que Lucy. Cependant, après quelques années, il se voit retirer la garde de sa fille par les services sociaux qui ne le trouvent pas apte à s’occuper de son éducation. Ces derniers souhaitent la placer dans une famille d’accueil. Se retrouvant seul, Sam tente l’impossible pour regagner sa fille. Rita Harrison (Michelle Pfeiffer), une avocate brillante et surmenée, accepte de défendre gratuitement son cas devant le tribunal. Progressivement, par-delà les préjugés, elle va découvrir la force exceptionnelle du lien qui unit Sam à Lucy.

Voilà un sujet difficile que la réalisatrice Leslie Jones traite avec une évidente sincérité. Un projet qui doit beaucoup au soutien de L.A Goal, une association à but non lucratif située à Los Angeles. Elle fut fondée en 1969 pour venir en aide aux adultes souffrant de problèmes de développement. Avec sa scénariste, Kristine Johnson, la cinéaste se rend régulièrement au centre dédié afin de se concentrer sur les parents qui souffrent de handicaps mentaux. Elle déclarera à la sortie du film. « Nous nous sommes imprégnées de ces personnes formidables et tout ce qui est retranscrit à l’écran vient de ces gens avec lesquels nous avons passés de très beaux moments.« . Elles sont accompagnées de Sean Penn qui veut totalement plongé dans la peau de son personnage. Jusqu’à disparaître derrière…

Une prestation poignante

SAM JE SUIS SAM pose d’emblée une vraie scission émotionnelle. Est-ce que le film en fait-il trop ? Portée par les mélodies larmoyantes de John Powell, l’histoire répète inlassablement le même lyrisme, intégrant

un Sean Penn littéralement habité. Nous sommes ici dans la Performance, ce qui va au-delà de l’acting. Il y a une frontière qui est dépassée, et c’est elle qui peut conduire à un rejet de la part du spectateur. Cette délimitation entre trop-plein et contrôle de la Performance a régulièrement été au centre de ces prestations demandant énormément de lâcher-prise. L’apport de Michelle Pfeiffer en avocate sûre d’elle qui se laisse aller à ses émotions nous offre finalement le contrepoint parfait. Elle est la liaison entre le cérébral et l’émotion, celle qui équilibre finalement le récit.

Gros succès au box-office, le film de Leslie Jones n’a toutefois pas permis à Sean Penn d’obtenir l’oscar du meilleur acteur lors de cette année 2002 (remporté par Denzel Washington pour sa prestation dans TRAINING DAY). Ce n’est que partie remise car il le remportera deux ans plus tard pour le fabuleux MYSTIC RIVER.

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