Le passager de la pluie, l’histoire d’un grand succès populaire

Avant d’être consacré aux Etats-Unis avec cette image de dur à cuire, Charles Bronson est un acteur apprécié en Europe par des cinéastes qui parviennent à retranscrire sa force brute à l’image.

Une histoire de choix

Mélie (Marlène Jobert) est la jeune épouse de Tony (Gabriele Tinti), un navigateur de l’aviation civile souvent absent du foyer. Leur maison est à l’écart de la ville, au bord de la Méditerranée. Un soir, elle est agressée chez elle et violée par un inconnu qui venait le même jour d’arriver en autocar dans la localité. Elle parvient à le tuer puis, après avoir transporté le corps dans son break, elle s’en débarrasse dans une crique. Mais le lendemain surgit un personnage mystérieux : un nommé Harry Dobbs (Charles Bronson), américain, qui s’introduit lui aussi dans la maison et s’intéresse de très près à l’affaire dont il semble tout savoir ou presque…

La mise en orbite de ce film est dû au succès d’ADIEU L’AMI. Le producteur Serge Silberman a réalisé un joli coup avec celui-ci, attirant plus de 2,6 millions de spectateurs dans les salles. Il veut rééditer cette performance en convoquant une nouvelle fois Charles Bronson devant la caméra. Le scénariste Sébastien Japrisot rédige alors un script. Peu convaincu par l’histoire, Bronson pense refuser avant que sa femme, Jill Ireland, ne monte au créneau, lui démontrant que LE PASSAGER DE LA PLUIE est un film important qu’il

se doit de faire. Il faut dire que l’acteur est très à l’écoute de son épouse : il avait également refusé de faire ADIEU L’AMI à cause d’un script qu’il trouvait invraisemblable. C’est elle qui l’a convaincu et qui l’a contraint à faire un choix osé. « Je n’avais vraiment pas envie de le faire ce film » déclarera Bronson. « Je ne m’étais pas très bien entendu avec le scénariste et je ne voulais pas retravailler avec lui. Jill a insisté et, ironie du sort, LE PASSAGER DE LA PLUIE a changé toute ma carrière ! Ma femme m’a toujours aidé à faire des choix intelligents. ».

Un immense succès décisif

Le tournage peut alors démarrer en France, à Hyères, sous la houlette du réalisateur René Clément qui l’avait dirigé dans ADIEU L’AMI. Bronson découvre alors la jeune actrice à qui il va donner la réplique : Marlène Jobert. À bientôt trente ans, elle commence doucement à gravir les échelons. Elle trouve ici l’un des rôles les plus intenses de sa carrière, celle d’une femme violée qui se défend corps et âme face à son agresseur. Une séquence éprouvante à tourner qui va la vider de ses forces. Soutenue par Charles Bronson et Jill Ireland (qui joue également dans le film), l’actrice va livrer une performance qui bluffera toute l’équipe. Son personnage est loin d’être celui d’une simple victime et va rapidement s’avérer plus trouble qu’en apparence.

LE PASSAGER DE LA PLUIE sort le 14 janvier 1970 en France et devient un véritable phénomène, cumulant 4 763 819 entrées. Il faut dire que Charles Bronson possède désormais une aura phénoménale, alimentées par IL ETAIT UNE FOIS DANS L’OUEST qui dépasse les 14,8 millions de tickets vendus. Si le long-métrage de Clément manque de rythme, il peut compter sur le talent de ses interprètes pour rester mémorable tout en s’appuyant sur un scénario assez malin qui délivre ses mystères à petite dose. Devenu une star, Charles Bronson part ensuite conquérir un nouveau territoire en assumant dans un genre qui lui était prédestiné : celui de l’action. Pour le meilleur, mais aussi pour le pire…

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