L’enfer du dimanche, Oliver Stone et le Football américain

En plongeant dans le monde du football américain, Oliver Stone s’apprête à décrire plus qu’un sport, l’un des plus populaires au pays de l’Oncle Sam. L’ENFER DU DIMANCHE parle des déviances de son pays en les circonscrivant à la passion démente du sport qui cristallise tous les excès.

Un script sportif

Avec l’aide de Jamie Williams (ancien joueur) et du journaliste sportif Richard Weiner, Stone développe un script intitulé MONDAY NIGHT qu’il combine avec deux autres scripts : ON ANY

GIVEN SUNDAY écrit par John Logan et PLAYING HURT par Daniel Pyne. Un mélange qui représente déjà un sacré casse-tête pour mettre le tout en scène. Le réalisateur, qui pense encore que son histoire ne se suffit pas à elle-même, s’inspire d’un autre travail, celui du livre écrit par Robert Huizenga intitulé YOU’RE OKAY, IT’S JUST A BRUISE : A DOCTOR’S SIDELINE SECRETS. Le script prend alors sa forme définitive et le projet peut concrètement se lancer. 

Pour le rôle principal, l’entraîneur Tony D’Amato, Stone désire une véritable tête d’affiche. Trois noms sont donc associés : Al Pacino, Robert de Niro et Clint Eastwood. Pour de Niro, la réponse est rapide, il décline l’offre, le salaire demandé n’étant pas accepté par la production. Eastwood, lui, accepte à condition de réaliser lui-même le film. C’est donc Pacino qui incarnera le personnage. L’ENFER DU DIMANCHE se consolide et Stone, deux ans après U-TURN, se lance dans un nouveau projet très excitant sur le papier.

Dans cette ode au football américain, on suit l’équipe des Sharks de Miami qui subit une lente descente. Au même moment, le quaterback des requins se blesse. Tony D’Amato, l’entraîneur, n’a d’autres choix que d’envoyer son remplaçant…qui se blesse également ! Il fait donc entrer sur le terrain Beamen (incarné par Jamie Foxx), sportif peu expérimenté qui joue sans l’aide son équipe. Sa tactique paye et il devient une véritable star. A tel point que sa popularité lui monte rapidement à la tête… Tourné principalement en Floride, L’ENFER DU DIMANCHE insuffle un véritable esprit de vainqueur, distillant une vision un peu sombre du rêve américain. N’ayant pas reçu l’accord de la ligue majeure de football américain (la NFL), le cinéaste n’a pas pu utiliser les noms des équipes et des stades officiels. 

Accueil tiède à domicile

Tièdement accueilli à sa sortie, L’ENFER DU DIMANCHE a eu beaucoup de mal à traverser ses propres frontières malgré les présences d’Al Pacino, Cameron Diaz, Dennis Quaid et Jamie Foxx (qui, à l’époque, ne possédait pas la popularité qu’il a actuellement) eu casting. Le paradoxe ? Les critiques

américaines ont été sévères avec le film qui a tout de même bien marché au box-office. A l’inverse, les critiques françaises ont loué la qualité du long-métrage alors que le public n’a pas répondu présent (seulement 467 790 spectateurs se sont déplacés dans les salles). Probablement la faute à un sujet qui a bien du mal à s’exporter, le football américain étant peu populaire au-delà de son continent de naissance. Certes, on ne tient pas là l’oeuvre la plus réussie du cinéaste, l’histoire traînant parfois lourdement en longueur, parvenant difficilement à passionner le spectateur par ses enjeux. Malgré tout, l’ambiance particulière qui régnait sur le plateau transpire largement sur l’écran. En effet, les coulisses furent très assez agitées, si bien que Jamie Foxx et LL Cool J en sont venus aux mains ! On a cette impression que Stone tourne un film de guerre, tant ses plans respirent l’aspect furieux et brutal de ce sport si particulier. Le meilleur exemple reste probablement ces trois minutes introductives qui donnent le ton, entre montage dense, sound design en tout point exceptionnel et imagerie spectaculaire (alternance entre ralentis et accélérés, découpage impeccable).   

Laisser un commentaire