Le dernier empereur, une fresque grandiose signée Bernardo Bertolucci

Après l’échec public et critique de son film LA TRAGEDIE D’UN HOMME RIDICULE, Bernardo Bertolucci décide de prendre du recul dans sa carrière et se passionne pour la Chine, envisageant alors de tourner un film sur place.

Un projet épique

En s’éloignant de ses terres italiennes, le cinéaste trouve dans la culture asiatique une ouverture artistique inattendue. Son film devra être à la hauteur de ce pays qui a changé radicalement au fil du

XXème siècle. LE DERNIER EMPEREUR évoque alors en flash-back la vie du dernier empereur de Chine, Pu Yi, de 1908 (où il monte à trois ans sur le trône) jusqu’à 1967 où il devient jardinier du parc botanique de Pékin à la fin de sa vie. Bien sûr, Bertolucci ne veut pas faire les choses à moitié et a des rêves de grandeur pour un tel projet. Ce dernier s’avère tellement riche qu’il est d’abord conçu comme un téléfilm découpé en plusieurs épisodes pour un total de dix heures de programme ! C’est le producteur anglais Jeremy Thomas qui tranchera pour un film de cinéma, plus prestigieux (d’autant plus à l’époque), tout en réunissant plus de 25 millions de dollars de budget, une somme conséquente pour le réalisateur.

Une production ample

Le film s’inspire de l’autobiographie centré sur l’empereur Pu Yi qu’il écrivit avec son frère Pu Chieh et l’éditeur Li Wenda, qui deviendront d’ailleurs des conseillers techniques sur le plateau. Toute la production se met en place et celle-ci marquera même l’Histoire : LE DERNIER EMPEREUR sera le tout premier film de fiction occidental à pouvoir tourner dans la Cité Interdite. Et ce n’est pas tout puisque Bertolucci peut satisfaire ses volontés de grandeur avec une reconstitution exceptionnelle. Ainsi, 19 000 figurants furent engagés, 9 000 costumes seront créés et, plus insolite, 1 kilo de cheveux fut importé pour constituer les remarquables perruques du film. Pour la scène du couronnement (un bijou de mise en scène), son équipe entraîna même une cinquantaine de personnes pendant dix jours afin qu’elles puissent poser les perruques sur la tête des 200 figurants en moins de deux heures ! Les prises de vues auront finalement duré six mois avec une équipe de techniciens internationale composée d’italiens, de britanniques et de chinois.

Une épopée inoubliable

Repéré dans L’ANNÉE DU DRAGON réalisé par Michael Cimino, l’acteur John Lone a la lourde tâche d’interpréter majoritairement l’empereur (d’autres comédiens endossent le rôle à différents âges). Il livre une composition majestueuse à l’instar de cette fresque absolument sublime concoctée par Bertolucci. Ce dernier renoue avec le succès dans ses grandes largeurs. Le public répond très largement présent avec des recettes s’élevant à 244 millions de dollars. Ce sera, et de très loin, le plus grand succès de sa carrière. En France, LE DERNIER EMPEREUR cartonne également, réunissant 4,7 millions de spectateurs dans les salles. Il restera toutefois en-dessous du film LE DERNIER TANGO À PARIS avec Marlon Brando qui avait vendu 5,1 millions de tickets. Et puis, la profession lui réserve également un bel honneur : Nommé dans neuf catégories aux Oscars, il remportera tout (meilleur film, meilleur réalisateur, meilleur scénario, meilleure photo, meilleur montage, meilleure musique, meilleurs costumes, meilleurs décors et meilleur son). Trente cinq ans plus tard, LE DERNIER EMPEREUR n’a pas pris une ride et reste l’une des plus belles épopées jamais réalisées au cinéma.

Laisser un commentaire